Une fois n’est pas coutume, je refais un tour du côté du rayon « Survival Horror ». Le hasard m’a fait découvrir la trilogie Zombie Story, de David Wellington, chez Milady Edition. Sans trop d’a priori, et sans connaissance de ce que pouvaient être ses trois romans. Au bout de cette lecture, il reste quelques points forts… et beaucoup de points faibles.
Le livre, son auteur :
L’auteur, David Wellington, n’est pas encore très très connu. A son actif, comme en témoigne sa page sur wikipedia.fr, deux trilogies : Zombie Story (en 2006) et Vampire Story (2007/2008) (il faut ajouter à cela deux titres non encore traduits). Mais ce qui fait un peu le charme de cette première série sur les zombies, il faut bien l’avouer, c’est sa « genèse »en tant que roman.
Il aura donc fallu que l’auteur poste sur son blog son histoire, sans doute chapitre après chapitre, pour attirer l’attention d’un éditeur, succès auprès du fandom aidant. Somme toute, c’est une belle histoire.
Quant à l’objet livre lui-même… ah oui mais non ! Comme le suggérait le titre de ce billet, il s’agit cette fois-ci d’une lecture numérique, sur Ipad. Un petit mot là-dessus en passant : je trouve très bien la politique éditoriale, tarifiaire etc de Bragelonne/Milady, mais je me demande s’il ne serait pas possible de pousser la qualité du produit. Ce que j’entends par là, c’est que les images ne sont pas retaillées pour un affichage optimisé, et que la présence de la table des matières sur plusieurs pages… bof. Cela étant, rassurez-vous, il n’y a aucun problème de lisibilité.
Néanmoins, on touche peut-être là à une problématique du livre numérique quand il n’est pas électronique de naissance mais un portage (une adaptation) du papier au numérique. Passons !
La couverture et le quatrième de couv’ :
L’illustration ne montre rien, ou presque. Si ce n’est la statue de la Liberté qui fixe un peu le périmètre d’intervention, New-York, pour tout élément Post-Apocalyptique, on a un simple effet « grunge ». Basique, relativement efficace.
Le résumé de l’éditeur :
A la suite d’une catastrophe mondiale les pays les plus développés sont envahis par des hordes de zombies cannibales. Seules quelques enclaves subsistent, en Somalie notamment. A la recherche d’un remède au virus, un groupe d’adolescentes surarmées, menées par un vétéran, se rend à New York. Tous se croient préparés au pire. Mais dans l’île de Manhattan en ruine, ils vont bientôt découvrir que la non-mort est loin d’être le destin le plus terrifiant…
L’histoire :
Dekalb sillonnait l’afrique en compagie de son épouse et de sa fille en qualité d’expert en armement pour l’ONU lorsque l’épidémie à frapper. Les morts ne l’étaient plus vraiment et l’Occident a presque aussitôt sombré, empêtré dans sa morale, son éthique et sa techno-dépendance. En Somalie où il se trouvait à ce moment-là, et malgré la perte de sa femme, Dekalb tente de survivre et de protéger sa fille. Le prix à payer est de rallier la cause d’une chef de clan, une guerrière somalienne qui dirige d’une main de fer la résistance face aux zombies. Or celle-ci est atteinte du Sida : pour que Dekalb gagne le droit de voir sa fille être prise en charge par le clan, il doit trouver des anti-viraux. Il ne connait qu’une destination où se rendre : New-York.
Dans la Big Apple dévasté par le chaos de l’épidémie, les morts règnent en maîtres. De rares poches de survivants attendent un très hypothétique retournement de la situation. Dans ce chaos, escorté par une phalange d’adolescentes soldats entrainées et armées, Dekalb doit faire des choix et vaincre ses peurs, jusqu’à remplir sa mission, coûte que coûte.
En parallèle, dans ce même New-York, Gary se réveille. Mort. Et vivant. Etudiant en médecine, pendant l’épidémie, il s’est senti perdu et a une idée de génie. Puisque le temps des morts-vivants advenaient, il en ferait partie, mais avec ses règles du jeu. Pour cela, il trouve le moyen de préserver son cerveau. Le voilà donc « zombie » mais pensant. Plus besoin de respirer, certes, mais il y a quand même cette faim impérieuse. Et cette question : quelle est sa place dans la nouvelle société ? Aux côtés de la masse grouillante et affamée ? Ou près de cet homme qui arpente Manhattan à la tête de jeunes filles en armes ?
Le fond, la forme, & co :
L’auteur a opté pour un découpage de son livre en trois parties.
A l’intérieur de ces parties, on alterne entre les points de vue de Dekalb et de Gary. C’est plutôt bien vu, et assez efficace d’autant plus qu’on a le droit à l’optique « morts-vivants ».
Les personnages sont sans aucun doute ce qu’il y a de mieux dans ce roman. Que ce soit Dekalb, Gary, les somaliennes, et plus tard le garde « survivant » de New-York, ils sont tous très bons. Dekalb par exemple est un froussard né, incapable de prendre une décision forte tant il n’a pas réussi à faire le deuil de son éducation ni du « monde d’avant ».
Le style laisse lui par contre à désirer. Certains passages sont d’une lenteur désespérante, à la limite de l’inutile et l’on a très envie de les sauter. J’avoue d’ailleurs qu’il y a bien eu quelques paragraphes où je me suis demandé s’il s’agissait d’un premier jet tant il y avait de lourdeurs et de répétitions. Cela donne un rendu décousu, comme si le fait d’avoir publié sur un blog, et sans doute d’avoir écrit sur une longue période au fil de l’eau, avait créé un ensemble difficile à reprendre dans le cadre d’un roman.
Il y a cependant de bonnes parties, bien rythmées, nerveuses, avec de bonnes descriptions, noires, désespérantes. Ce qu’il faut à ce genre de romans.
L’intrigue, malheureusement, bascule à mon sens dès la seconde partie. Attention, dans les lignes suivantes, je vais méchamment « spoilé » ! Vous êtes prévenus !
Conclusion :
Alors, ok, on pourra applaudir l’auteur si l’on considère qu’il cherche à s’approprier le mythe des zombies et à leur donner des spécificités bien à lui. Malheureusement, pour ce qui me concerne, la dimension « paranormale » des pouvoirs dont héritent Gary pour mener les hordes de morts-vivants tombent à plat. Cela ne fonctionne tout simplement pas. La troisième partie est pire encore avec l’introduction du shaman celte, et des momies égyptienne. On s’éloigne de l’intérêt qu’ont suscité les personnages anti-héros pour tomber sur des bestiaux, sans scrupules, aux motivations pas toujours très claires. La crédibilité du récit en prend une claque, et la fin du roman arrive à point nommer pour nous libérer d’une lecture qui devenait de plus en plus pénible (à noter le dernier coup de Dekalb, qui, même si on le sent venir, est une assez bonne idée… à condition d’être bien exploitée par la suite!). Je passe sur les conditions de survie des New-Yorkais qui me semblent un peu bancal et sur celles des millions de zombies de la cité : pas mal d’incohérences (à mon humble avis) et je suis maniaque là-dessus !
Zombie Island est donc un roman à plusieurs vitesses, genre sprinteur : bien au départ, moins bon sur sa lancée et carrément décevant sur la fin. Pas sûr que je me lance sur les autres tomes.