Quand Jean-Marie Le Pen oublie qu'il a porté des menottes

Publié le 22 mai 2011 par Letombe

Jamais en reste quand il s'agit de décocher un uppercut à ses adversaires politiques, Jean-Marie Le Pen a fait honneur à sa réputation en déclarant au sujet de DSK : « C'est toujours une bonne nouvelle de voir un voyou avec des menottes ! » Sans doute a-t-il oublié que lui aussi s'est retrouvé menotté dans le même aéroport 24 ans plus tôt. Que la mémoire est joueuse (ou sélective) parfois...



(Jean-Marie Le Pen - wikimedia commons - Semnoz) Debout au milieu du restaurant qui accueille les adhérents de la fédération FN de Paris ce mercredi 18 mai, Jean-Marie Le Pen, en verve et en forme, jette en pâture petites phrases et blagues graveleuses aux journalistes venus guetter d’éventuels dérapages. L’affaire DSK semble inspirer le président d’honneur, pour le plus grand plaisir de l’assistance. « C’est toujours une bonne nouvelle de voir un voyou avec des menottes ! », jubile le fondateur du Front. Rires, applaudissements, le public se régale et dès le lendemain, la saillie fait le tour du Net et des journaux. 
Jeudi 19 mai, invitée sur Radio Notre Dame, Marine Le Pen n’échappe pas à la question : « Est-ce que vous souscrivez à 100 % à cette déclaration ? » Apparemment embarrassée par la sortie audacieuse de son paternel, la présidente du Front prend ses distances en déclarant : « Non mais enfin personne ne souscrit à 100% à une déclaration qu’il n’a pas prononcée, chacun s’exprime avec sa sensibilité, son parcours et son positionnement. » 
Justement, Jean-Marie Le Pen aurait-il oublié « son parcours » ? En 1987, le leader frontiste participe à un voyage aux Etats-Unis avec ses compagnons de route de l’époque, Jean-Marie Le Chevallier, alors député européen, et Pierre Ceyrac, alors membre de la secte Moon et député du Nord. Objectif de cette petite escapade : rencontrer Edgar Bronfman, président du Congrès juif mondial, et ainsi normaliser les relations du Front national avec la communauté juive (ndlr : le voyage a lieu avant que Jean-Marie Le Pen ne déclare que « les chambres à gaz sont un point de détail de l’histoire de la Seconde guerre mondiale »). 
Pendant son séjour, Le Pen se fait offrir par un ami américain une statuette et un revolver. Le jour du retour, le président frontiste, également président de groupe à l’Assemblée nationale et au Parlement européen, glisse l’arme dans sa valise dans l’espoir de s’éviter les tracas de la procédure classique de rapatriement d'une arme. Mais malgré les précautions prises par son propriétaire, les douaniers de l'aéroport de New-York découvrent le revolver. « Ils ont interpellé Le Pen, l'ont jeté au sol et menotté, rapporte un ancien proche. Après 24 heures passées au commissariat, il a retrouvé sa liberté grâce à l’intervention du consul de France. » De son côté, soucieux que la presse ne relate pas l’incident, Le Chevallier confisque l’appareil photo de Ceyrac contenant des clichés de Le Pen menotté. Voilà un épisode fâcheux que Le Pen a sans doute oublié… Dommage, les militants auraient certainement apprécié le récit des aventures fantastiques du « vieux lion » en Amérique. Laureline Dupont - Marianne http://www.marianne2.fr/