Articles, essais, lettres composent ce livre de Liu Xiaobo, Prix Nobel de la Paix 2010, emprisonné en Chine. Comment lire un tel livre, préfacé par Vaclav Havel, donc dans la lignée des dissidents aux régimes communistes ?
Ma lecture est, bien sûr, influencée par ma situation : je ne suis pas emprisonné, je vis dans une société libre et, même si parfois cette liberté est menacée, même s’il faut être toujours vigilant, des voix peuvent ici s’élever pour la défendre. Alors, ma lecture des textes de Liu Xiaobo est à plusieurs niveaux : j’apprends des choses sur la situation en Chine aujourd’hui, je respecte l’engagement de cet homme et j’apprécie son honnêteté, je pense que certaines pages seraient profitables à nos gouvernants, et ne concernent pas uniquement le pouvoir dans un grand pays d’Asie.
L’auteur souligne les dérives du Parti communiste chinois, la formation d’une élite qui abuse de sa position, l’évolution de la société civile, cependant encore soumise par une « philosophie de l’aisance relative » (n'est-ce pas aussi un peu comme ça ici ?) et installée dans le mensonge organisé (ça me fait penser au texte de La Boétie sur « la servitude volontaire »), et affirme qu’il ne souhaite pas que le changement vienne d’en haut (par exemple, pas question de renverser le pouvoir en place) mais que ce soit un effet de changements dans le quotidien (honnêteté, vérité et liberté).
« La liberté d’expression est la base des droits de l’homme, le fondement de l’humanité, la mère de la vérité. » écrit-il. Et il est vrai que son emprisonnement empêche de discuter avec lui, et même de discuter de certains aspects des thèses qu’il développe, car sa privation de liberté fait de nous des êtres inégaux, et, sans égalité, pas de débat possible.