Nicolas Sarkozy, seul dans sa chambre et en peignoir, reste cloîtré et abattu dans l’attente d’un signe de vie de Cécilia qui l’a quitté. Nous sommes le 6 mai 2007, jour du second tour de l’élection présidentielle qui va le porter sur la plus haute marche des responsabilités, l’Elysée.
Tout le film de Xavier Durringer est consacré à la longue marche d’un homme qui veut être Président de la République. Tous les acteurs politiques sont en place, Nicolas Sarkozy évidemment, Cécilia son épouse, Jacques Chirac et Bernadette, Dominique de Villepin, Jean-Louis Debré, Claude Guéant, Rachida Dati, tous les traquenards (L’affaire Clearstream) sont évoqués, toutes les prises de bec sont montrées.
Tout ce que vous avez lu dans la presse ou vu à la télé, vous le verrez encore ici mais avec ce « gros plus », vous assisterez surtout à toutes ces scènes qu’on ne voit jamais, ces joutes verbales à l’abri des lambris dorés de la République, ces moments de défaillance ou de doute des hommes politiques, ces vacheries dites par l’un sur l’autre et l’inverse. Toutes ces petites phrases lues dans le Canard Enchaîné, sont ici mises en bouche d’acteurs qui les vivent, et l’on a réellement l’impression d’être la fameuse petite souris qui voit et entend tout.
Les acteurs sont tous prodigieux de vérité, Podalydès (Sarkozy) et Le Coq (Chirac) sont extraordinaires, on ne sait plus s’ils sont réellement leurs personnages ou les marionnettes des Guignols, les tics gestuels, le phrasé, les attitudes sont rendus à la perfection.
Le film n’est ni pro-Sarkozy, ni anti-Sarkozy, Durringer montre les faits avérés et imagine ce que pouvaient être les intervalles. A la sortie de la séance, votre opinion sur le locataire actuel de l’Elysée ne changera pas, ce n’était pas le propos du réalisateur, je suppose qu’il voulait tout simplement faire le portrait d’un homme dévoré par une ambition énorme et qui finalement parvient au but qu’il s’était fixé de nombreuses années auparavant, même si le long de cette route il laissera des plumes.
Un excellent film, qui au passage est une première dans le cinéma français, faire un film sur un homme politique encore en exercice. Les coulisses du pouvoir, les cuisines de la politique, une sorte de « reportage » fictif en immersion.
La conquête film de Xavier Durringer – Durée : 1h45 – Avec Denis Podalydès – Florence Pernel – Bernard Le Coq – Hyppolite Girardot – Samuel Labarthe