On connaissait les opinions gay friendly de Moore parce qu’il avait abordé ce thème à plusieurs reprises dans ses œuvres, comme dans Watchmen, V pour Vendetta et Lost girls. Mais dans The mirror on love, l’auteur de From Hell et de Promethea retrace carrément les 2000 ans d’histoire de l’homosexualité dans un admirable essai poétique et dramatique sur la tolérance et l’ouverture d’esprit.
Tout à commencé en 1988, lorsque The mirror of love sort pour la première fois dans une publication nommée AARGH! (Artists Against Rampant Government Homophobia), qui réunissait plusieurs écrivains en total désaccord avec la politique homophobe du gouvernement britannique de l’époque. En effet, l’équipe de Margaret Thatcher mit en place la scandaleuse Clause 28 qui interdisait en 1986 aux autorités locales d’Angleterre et du Pays de Galle de promouvoir l’homosexualité (cette clause fut abrogée en septembre 2003). Parallèlement, William Frank Brownhill député conservateur, proposait tout simplement l’extermination de 90% des homosexuels masculins atteints du SIDA dans des chambres à gaz.
«Je pense qu’à chaque fois que l’un de nos pays se met à prendre une soudaine et indécente dérive fasciste, alors c’est à nous tous de se lever et dire quelque chose», explique Moore.
The mirror of love est donc un poème épique qui résume l’histoire des gays en quelques milliers de mots, couvrant l’aube de l’humanité en faisant référence à Homère, Sappho puis Michel-Ange, Emily Dickinson et Oscar Wilde pour ensuite parler de la crise du SIDA et de l’utilisation des gays par les médias dans le monde moderne. « Le poème est peut-être un peu mélodramatique », dit Moore, « il a un ton très shakespearien, mais c’était comme une grande histoire qui méritait d’être traitée dans une intonation épique. Certains de ces hommes et de ses femmes que nous avons mentionné dans cette œuvre sont des titans. Ils sont les piliers de la culture humaine, de « l’unique culture gay. »
The mirror of love est illustré par les photographies luxuriantes et somptueuses de José Villarrubia (à l’époque de sa publication dans AARGH! c’est Stephen Bissette, son comparse sur Swamp Thing qui avait collaboré avec lui sur la partie illustrative) de la façon suivante, le texte de Moore se trouvant sur la partie gauche, et les photographies toujours sur la droite.
Ce poème d’Alan Moore se veut donc être avant toute chose un essai sur l’amour, dans le sens universel du terme, un appel à notre humanité, un texte indispensable et une preuve que la notion du respect de l’autre et de sa différence perdure malgré tout.
On aura l’occasion d’en reparler mais sachez qu’Edmond Tourriol (le traducteur attitré de la version française de The Walking Dead) vient de finir de traduire un très beau livre sur Alan Moore intitulé Alan Moore une biographie illustrée qui sortira au mois d’octobre chez Dargaud.