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Qu’est-ce que la souffrance au travail ?
Pour ma part, je dirais que la santé n’existe pas. Il ne s’agit pas d’un état, mais d’un idéal qu’on essaie d’atteindre ou de conserver.
Nombreux sont ceux d’entre nous qui, indépendamment du travail, présentent des troubles physiques ou psychiques, plus ou moins bénins, plus ou moins graves.
Le travail peut accentuer ces troubles ou en créer de nouveaux, en raison par exemple d’une mauvaise ergonomie de son poste, d’un poste de travail non adapter a son physique, d’horaires instables, d’un harcèlement sexuel ou moral, d’objectifs trop élevés…..
Dans la vie privée comme dans la vie professionnelle, chacun tente de vivre avec, c’est-à-dire de trouver un compromis entre la souffrance et les défenses psychiques destinées à contenir la souffrance.
Il y a un problème lorsque le degré de contrainte, occasionné au travail, créé une souffrance dont le niveau dépasse les capacités défensives et adaptatives de la personne.
soufrance au travail
Comment naît cette souffrance ?
Travailler, c’est répondre par ses compétences et son expérience, aux objectifs fixés par sa hiérarchie, aux demandes parfois contradictoires de celle-ci, c’est satisfaire les attentes de la clientèle, tenir des délais, gérer son stress, parfois improvisé fasse à l’inconnu.
En outre, travailler n’est pas uniquement une activité de production, c’est aussi un processus de transformation de soi, d’accomplissement de soi.
Si les efforts déployés par le salarié pour surmonter toutes ces difficultés sont reconnus par sa hiérarchie, s’ils sont récompensés d’une manière ou d’une autre, l’employé va trouver un sens à sa mission et la force de continuer à supporter ce qu’ils endurent au quotidien.
En revanche, si ses sacrifices ne sont pas reconnus, il peut se sentir incompétent, dévalorisé, voire inutile. Ce qui est le cas dans un monde du travail comme le nôtre où la hiérarchie est totalement éloignée de la base et de ce qui est essentiel à l’être humain.
L’employé n’est plus qu’un numéro dont on se débarrasse parfois comme un Kleenex.
D’où l’apparition de troubles de la santé, mais aussi de conséquences négatives sur sa vie intime, familiale et sociale. Car, contrairement à ce qu’on raconte, la vie privée et la vie professionnelle ne sont pas étanches. Ce qui se passe dans l’une à un impact sur ce qui se passe dans l’autre. Et vice versa.
Cela peut être particulièrement difficile pour les personnes qui s’investissent beaucoup dans leur travail.
Ces individus sont potentiellement davantage en danger que ceux qui essaient de relativiser la place du travail dans leur vie, en la modérant par une vie personnelle et sociale équilibrée et enrichissante.
Certains employés qui ont des relations de couple, de familles ou de sociétés peu satisfaisantes ont tendance à chercher une compensation dans leur travail.
Ils s’investissent dès lors beaucoup, trop, parfois. Jusqu’au jour où, la nouvelle hiérarchie mise en place ne reconnaît pas leurs efforts, ou parce qu’avec un changement de structure, la nouvelle organisation du travail n’est plus supportable, ceux-ci tombent malades, développe des troubles dépressifs ou anxieux, voir en arrive à commettre un geste dramatique…..
Ceux qui se sont suicidés sur leur lieu de travail ont souvent été décrits comme des employés modèles, sans histoire, ne présentant aucun signe précurseur de ce qu’ils allaient commettre.
Il est nécessaire de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, de telle sorte qu’on maintienne une certaine distance vis-à-vis des appels de l’entreprise à s’engager sans compter pour elle.
On peut déduire que l’organisation du monde du travail contemporain est basée sur la peur, ce qui est assez terrifiant.
L’évaluation individualisée des performances qui se généralisent, associé à des contrats d’objectifs dans certains milieux, et à des menaces de sanctions ou de licenciement en cas de résultats insuffisants, a réussi à monter les individus les uns contre les autres.
Le chacun-pour-soi, ou tous les coups sont permis, à troubler la confiance, la loyauté, l’entraide et la solidarité.
Dans un cadre professionnel, chaque individu est seul maintenant et, en cas de difficulté, personne ne bouge. Les conséquences de la peur sont aggravées par l’expérience de la solitude et de la trahison des autres. Pour survivre dans cet univers, beaucoup de personnes deviennent insensibles à leur propre souffrance et à celle des autres.
On pourrait assez facilement interpréter que le monde du travail est devenu inhumain.
La stratégie des dirigeants est simple et passe inaperçue. En règle générale, il s’agit de ne plus penser aux problèmes rencontrés sur son lieu de travail, d’engourdir sa sensibilité et ainsi d’atténuer sa souffrance. Du coup, en niant la souffrance au travail, la nôtre et celle d’autrui, nous l’acceptons, nous la banalisons et nous nous désolidarisons des collègues. Ce faisant, nous collaborons, nous entretenons ce système et les injustices qu’ils provoquent.
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