Ron Summers, 23 ans, avait été paralysé dans un accident de la route il y a cinq ans, mais après deux années d'entraînement physique intensif et l'implantation d'électrodes dans la moelle épinière, il peut désormais effectuer quelques mouvements. Après 80 séances de stimulation électronique médullaire, Ron Summers est aujourd'hui capable d'activer certains muscles de sa jambe, lui permettant de marcher avec une assistance. Cet essai est décrit dans l'édition du 20 mai du Lancet et apporte de tout premiers espoirs aux patients paraplégiques.
Ce sont des résultats impressionnants et prometteurs pour cet essai de stimulation électronique médullaire mais le traitement n'a pas pu réparer la lésion de sa moelle épinière et Ron Summers n'est pas en mesure de marcher sans aide et hors stimulation électrique. Il faudra encore d'autres études plus approfondies de la technique sur d'autres patients touchés avec lésion de la moelle.
Cet essai, mené par des chercheurs des universités de Louisville et de Californie, et d'autres institutions aux Etats-Unis et en Italie porte sur l'utilisation de la stimulation électrique pour traiter une personne paraplégique à la suite d'un accident de la circulation. Cet accident a provoqué le déplacement de deux vertèbres, la dernière cervicale et la première thoracique, causant des dommages à la moelle épinière. Cette paraplégie a entraîné une perte de mouvement et de sensation dans les jambes jusqu'à la poitrine, les mouvements des bras restant normaux.
Sur le modèle animal, la stimulation électrique répétée sur la moelle épinière est déjà parvenue à augmenter la capacité de contrôle des mouvements, la moelle épinière adressant alors aux muscles les signaux nécessaires de mobilité, sans passer par le cerveau. Les chercheurs ont donc pensé que l'utilisation d'électrodes implantées chez un humain afin de stimuler sa moelle épinière à la base du dos pourrait permettre d'adresser des signaux sensoriels au niveau des jambes pour permettre à nouveau la position debout puis la marche.
Ce jeune homme américain de 23 ans avait été paralysé pendant 5 ans à la suite de son accident en juillet 2006. L'IRM avait révélé une perte de moelle épinière à la hauteur de la lésion. Cet homme avait perdu tout contrôle du mouvement de son tronc et de ses jambes, mais avait conservé partiellement une sensation au dessus de ce niveau. Sur une période de 26 mois, l'homme a reçu 170 séances rééducation locomotrice. Puis 3,4 ans après l'accident, 16 électrodes ont été placés chirurgicalement sur la partie extérieure de la moelle épinière à l'endroit où le bas du dos rejoint bassin. La stimulation de la moelle épinière a été réalisée au cours de séances qui ont duré chacune jusqu'à 250 minutes (en moyenne 54 minutes de stimulation). Le patient ressentait juste une sensation de picotement sur le site des électrodes pendant la stimulation. Les chercheurs ont effectué 29 expériences et testé différents niveaux de stimulation électrique dans le but d'essayer d'aider l'homme à se lever, avec un soutien si nécessaire.
Cette stimulation de la moelle épinière a permis à l'homme de se tenir debout et de supporter son poids durant 4,25 minutes, avec un soutien pour l'équilibre seulement. L'électromyographie a révélé une activité musculaire des deux côtés de son corps. Ce résultat s'est reproduit à plusieurs reprises au cours de chaque session de 60 minutes. 7 mois après l'implantation des électrodes et de nombreuses sessions, l'homme est parvenu à gagner un certain contrôle sur l'extension de ses orteils et la flexion de la cheville et de la jambe. Toutefois, cela ne s'est produit que lors de la stimulation médullaire, et avec différents paramètres de stimulation pour chaque jambe. Plus tard, le patient a connu des améliorations dans le contrôle de sa fonction vésicale, sa réponse sexuelle, un sentiment de bien-être et une meilleure estime de soi.
Les chercheurs concluent que la combinaison de rééducation et de stimulation de la moelle épinière pourrait réactiver les voies nerveuses qui ont été épargnées et qu'à terme ce type d'intervention pourrait être viable sur un plan clinique pour parvenir à une récupération fonctionnelle après une paralysie grave. Si ce sont de premiers résultats et sur un patient seulement, ils sont très prometteurs pour la prise en charge des paraplégies.
Source: The Lancet, Early Online Publication, May 20 2011doi:10.1016/S0140-6736(11)60547-3 Effect of epidural stimulation of the lumbosacral spinal cord on voluntary movement, standing, and assisted stepping after motor complete paraplegia: a case study.