Devant lui, dans une flaque rouge, détachant sa fière silhouette sur le rideau d'une arcade se tient un goéland. Son oeil arrogant le transperce, la puissance de son bec jaune ne lui fait pas peur, Noil bondit. L'oiseau s'envole, il plane au-dessus des étals colorés, survole les gens en tas dispersés dans les allées étroites, évite les interminables colonnes, les longues lanternes à facettes et déloge un pigeon qui s'est posé sur une grosse tête de poisson, sculptée dans un chapiteau des colonnes extérieures. Noil suit en pensée leur vol dispersé au-dessus du Canale Grande, il a compris le message !
" Trop de monde, trop de bruit, je quitte la place. "
Il se glisse de son pas souple dans les ruelles longeant la grande masse de la Pescheria. Il traverse les nombreux étals extérieurs qui s'abritent sous les larges auvents et arrive au pont qui s'adosse contre les murs du marché. Il n'oublie pas de faire un signe d'adieu au petit lion qui préside ce lieu.
Marie-Sol MONTES SOLER