L'ARBRE AU SOLEIL - TOMES 5 À 8
Je n'ai pas trop traîné pour enchaîner avec la suite après avoir lu les quatre premiers tomes de cette série, tellement il me tardait de retrouver les personnages et leurs aventures!
Ces quatre derniers tomes marquent la fin d'une ère avec l'avènement de l'ère Meiji ("lumières" en japonais) qui devait amener le Japon à la modernité.
Lutte des clans, révolution dans l'air, l'image de l'arbre au soleil, avec la fin du règne des Tokugawa et donc du Shogunat et des samouraïs, se précise. Ibuya se retrouve chargé de former des fantassins parmi les paysans pour composer l'infanterie japonaise. Toute cette partie du récit est furieusement drôle, les paysans peinant à se plier à la discipline militaire, et Ibuya devant s'adapter et composer avec leur mentalité.
L'histoire des personnages que l'on connaît déjà continue à s'étoffer tandis que de nouveaux personnages ayant un rôle dans les événements de l'époque font leur apparition.
J'ai mieux ressenti ici toute la dimension historique de ce récit, avec les personnages ayant laissé leurs noms dans l'histoire du Japon (personnages que je ne connaissais pas d'ailleurs mais que j'ai découverts ici), et vraiment ça situe cette série comme un véritable récit historique à peine romancé.
Tezuka a vraiment le talent pour mêler fiction et réalité, sans que tout son univers imaginaire, ni son humour, n'entache la vérité historique. Tout se fond à merveille.
C'est là que je mesure toute la portée et la richesse de cette fresque historique qui retrace près de 20 ans d'histoire, 20 ans durant lesquels on assiste à toutes sortes de bouleversements qui transforment le Japon de manière radicale: médecine occidentale officialisée, commerce international développé, organisation de l'infanterie, usage des fusils à la place des sabres... Le Japon du tome 1 dont le récit débute en 1855 n'a plus rien à voir déjà avec celui de la fin du tome 8.
J'ai vraiment beaucoup aimé le personnage d'Ibuya, ce samouraï emblématique de l'âme guerrière, attaché aux valeurs et principes du Shogunat, personnifiant code et honneur, avec cette foi infaillible dans ceux qu'il sert, malgré toute l'évidence d'une ère qui s'effondre. Je l'ai trouvé grandiose et touchant.
Les personnages secondaires et les histoires parallèles mettent de la vie aussi dans cette série. J'ai trouvé particulièrement intéressant les personnages d'O-kon et O-séki, deux femmes mises en avant dans ce récit, et je dois dire que les histoires sentimentales d'Ibuya m'ont fait vibrer comme rarement une histoire sentimentale peut me faire vibrer.
Tout au long de ma lecture aussi, je m'étais déjà posée la question de l'homonymie entre les noms du médecin frivole, un des personnages principaux, et celui de l'auteur, Tezuka, et ça m'a fait drôle en fait de lire que ce médecin était l'arrière-grand-père d'Osamu Tezuka. Son histoire est peut-être romancée, embellie, forces détails imaginés par son arrière-petit-fils, mais du moins a-t-il participé à ce bouleversement de la restauration Meiji, en tant que médecin, et cela ancre ce récit dans une réalité historique palpable.
Bref, une série qui m'aura fait vibrer et appris énormément sur cette période de l'histoire japonaise, et qui me laissera un très bon souvenir de lecture.