Nous sommes revenus de vacances voilà 10 jours. Comme pour une fois j'avais eu ma perfusion d'herceptine en plein milieu des vacances, j'étais libre comme l'air pour reprendre le boulot. Entendez par là, sans chimio, sans autres préoccupations que celles des gens en bonne santé. Le mercredi, j'ai quand même dû aller au CLB, le centre anti-cancer, ma fille avait rdv avec sa psy. Elle n'a plus d'angoisses pour dormir. Elle n'a plus peur que je meurs pendant la nuit. La psy s'est juste rendu-compte que J. était un peu trop entière, incapable de faire des compromis ou si peu et que ça risquait de lui causer pas mal de tort en grandissant. Elle tente de lui faire comprendre les réalités de la vie, jamais noires ou blanches mais dans un immense nuancier de gris. Plus rien à voir avec le cancer sauf le lieu.
Par contre cette semaine, je n'allais pas échapper plus longtemps à ma condition de cancéreuse. Mardi j'ai fait ma prise de sang. Mercredi j'ai eu les résultats, mes marqueurs CA 15-3 étaient à 14, un chiffre qui me décrispe tout de suite. Jeudi, profitant de mon arrêt maladie à l'occasion de ma perfusion d'herceptine, j'avais mon scanner TAP (tout l'abdomen) de contrôle et peu après, le rendez-vous annuel avec ma gynécologue spécialisée en cancérologie. Sans oublier la perfusion à mon domicile bien entendu et les filles à aller chercher à l'école.
Tout était programmé, mon super infirmier avait organisé son passage chez moi pour me permettre d'arriver à tout faire à l'heure. Mais évidemment, il a fallu qu'il y ait un imprévu qui mette en pièce ma super organisation. Le livreur de ma poche d'herceptine arrive au plus tard à 11h en temps normal. En réalité, je l'ai souvent avant 10H30. Après avoir fait l'aller-retour à l'école, j'attendais sa venue. L'heure passait et toujours personne. L'infirmier m'a même appelée en avance pour savoir s'il pouvait venir afin de me permettre d'être libérée plus tôt. J'ai dû décliner son offre. J'ai fini par appeler le réseau source, l'organisation mise en place par le centre anti-cancer, le CLB, pour gérer les chimios à domicile. Ils m'ont dit qu'ils recherchaient les infos et qu'ils me rappelaient. Mon infirmier a fini par arriver chez moi mais toujours pas d'herceptine. J'ai rappelé et là, j'avais gagné le gros lot. Mon herceptine n'avait pas été préparée. Je ne risquais pas de la recevoir. Comme la dernière fois j'ai espacé de 4 semaines mes deux perfusions. Ils avaient laissé dans leur ordinateur "toutes les 4 semaines". Pourtant je les avais eus au téléphone, j'avais bien précisé que ça repartait toutes les trois semaines mais personne n'a corrigé cette donnée. Mon infirmier était vraiment embêté pour moi et moi de lui faire perdre son temps pour rien. Il a été convenu qu'ils me la préparaient tout de suite, me la livraient en début d'après-midi et mon infirmier repassait en début de soirée. Je n'avais plus qu'à enlever mon patch Emla et à le jeter. Il aurait davantage servi dans le creux de mon bras, là où on allait me piquer pour le scanner.
Tout mon déballage de matériel médical avait envahi mon salon. Tant pis je le laissais en place même si je n'aime pas du tout imposer cette décoration à mes filles. J'ai pu vite déjeuner et filer à l'hôpital. J'ai été prise immédiatement pour passer mon scanner. 30 mn après, c'est la secrétaire qui me donnait le compte-rendu, ce qui est toujours positif. Le radiologue ne reçoit que ceux à qui il doit détailler ce qu'il a vu. Je l'ai quand même lu. Il détaillait tous les organes un à un et tout était normal. Il avait si peu à dire qu'il a même précisé que mon stérilet était en place. Première fois que je lis ça dans un compte-rendu de scanner TAP, ça m'a amusée. Il m'en faut vraiment peu. Je suis allée à l'autre bout de l'hôpital avec mon paquet de comptes-rendus des derniers mois pour en donner une copie à mon oncologue. Je suis revenue dans le hall, un petit verre de jus de fruits pour essayer d'endiguer cette soif provoquée par l'iode qu'on m'avait injectée pour le scanner. L'heure était venue de mon rendez-vous avec ma gynécologue, je suis allée à l'autre extrémité de l'hôpital et j'ai eu beaucoup de chances, je n'ai eu qu'un quart d'heure d'attente. Elle n'avait pas su que j'avais dû subir une biopsie dans mon sein gauche le mois dernier. Elle a aussi récupéré tous mes documents. Elle était satisfaite du résultat obtenu sur mes seins suite à mes deux lipomodelages. J'ai pu repartir à mon domicile, m'octroyer une petit heure et direction l'école.
Lorsque mes filles ont été assises dans la voiture. Je les ai prévenues que je n'avais pas encore eu ma perfusion et que l'infirmier devait arriver. Elles m'ont demandé si mon scanner était bon, en réaction à ma réponse affirmative, la plus jeune E. voulait qu'on fête ça et qu'on fasse un apéro. Je lui ai dis que ce n'était pas possible puisque j'allais avoir mon produit dans le sang, que j'allais être fatiguée.
Au moment où je sortais du parking et marchais en direction de mon immeuble accompagnée de mes filles, mon infirmier arrivait en vélo. Et c'était reparti pour un tour. J'avais bien sûr remis un patch Emla sur mon pac.
J'ai eu ma perfusion, mes filles n'arrêtant pas de poser des questions à l'infirmier. Toutes les deux assises le plus prêt de moi pendant qu'il me piquait pour mettre l'aiguille en place. Et pendant que je recevais mon herceptine, j'ai fait réciter une leçon de conjugaison à ma fille. Je n'étais pas tranquille avec leurs allers et venues. J'avais peur qu'elles se prennent les pieds dans le tuyau qui me reliait à ma poche, qu'elles s'appuient sur l'aiguille enfoncée dans mon pac. Ce n'était vraiment pas les conditions idéales pour recevoir une chimio. Mon mari est arrivé, les a pris en charge avec bien du mal, c'est que j'offrais un spectacle intéressant. La plus jeune voulait même tout décrire à sa maîtresse. Nous l'en avons dissuadée.
L'infirmier est reparti, mon herceptine était passée. Il était 18H bien passé. J'ai dîné et aussitôt filé au lit, bien contente que cette journée si longue touche à sa fin. Je suis tranquille pour trois semaines, voilà le plus important.