Un homme devenu handicapé suite à une opération chirurgicale passe une bonne partie de son temps à surveiller les habitants de l’immeuble d’en face jusqu’au jour où il constate la disparition d’une vieille dame aux cheveux teints en violet qu’il surnomme donc Violette, ainsi que d’une jeune fille blonde qui de même se voit appelée Blondinette. Par ailleurs, l’homme tente d’attaquer en justice le chirurgien cause de son malheur ce qui le rend paranoïaque au point d’imaginer que les deux disparitions feraient partie d’un vaste complot fomenté contre lui par le chirurgien incompétent. Entre en scène le commissaire Tallier qui va mener l’enquête, d’abord dubitatif devant ce soi-disant complot qui finalement va le conduire au cœur d’un imbroglio scientifique pas si imaginaire que cela.
Le roman policier est un genre littéraire plus difficile qu’il n’y paraît car souvent on lit très vite ces romans et basta ! Sans entrer dans une analyse pointue du genre, on constate que les bons polars se distinguent des mauvais par leur toile de fond, c'est-à-dire une approche sociologique d’une époque ou d’un milieu, des caractères ayant un minimum d’épaisseur, ou encore un style d’écriture fort ou original. C’est hélas, tout ce qui manque dans ce roman de Lucie Ronzoni. A part l’intrigue qui est assez originale je veux bien l’admettre, il n’y a rien à sauver dans ce polar qui me rappelle ces téléfilms policiers français – avec tout le sous-entendu péjoratif induit – que diffusent certaines chaînes de télévision.
Entre les clichés usés jusqu’à la corde (le commissaire mal rasé et dépressif), la psychologie des personnages inexistante (les rapports amoureux entre Tallier et la jeune kiné sont ahurissants de mièvrerie), la méconnaissance complète du monde policier d’aujourd’hui (le peu qui en est dit, semble tiré de polars des années 60, de même que le vocabulaire) et cette obsession récurrente dans le bouquin qui voudrait qu’on soit essoufflé après avoir monté trois étages (!), sachez aussi qu’il y a 44 chapitres ( !!) pour seulement 200 pages ce qui ne fait pas lourd pour un chapitre et j’avoue avoir refermé le roman très déçu.
Seul point positif comme je l’ai évoqué plus haut, l’intrigue n’est pas trop mal et on veut savoir comment elle se termine, mais je l’ai déjà dit aussi, une intrigue ne suffit pas à faire un roman, loin de là, c’est même tout le reste qui fait l’essentiel.
J’imagine que c’est un premier roman donc je fais crédit cette fois en disant « peut mieux faire », mais il y a du boulot !
« Comment avait-il pu croire qu’il ferait le poids contre le brillant adjoint du professeur Vernet, lui le policier mal rasé, dépressif, acheteur compulsif ? Comment avait-il pu faire confiance à la jolie et si douce kinésithérapeute ? C’était une traîtresse, une fichue belle traîtresse. Il s’était fait avoir en beauté. Plus question dans ces conditions d’appeler la perfide, même pour ces beaux yeux. Il fallait tout de même qu’il fasse la part des choses. Dans tout ce qu’avait dit Catherine, il devait bien y avoir une part de vérité. Il faut qu’il approfondisse les cas de maladies psychosomatiques avant de se coucher, histoire de voir si ses propos sont plausibles. Il allume son ordinateur pour surfer sur internet à la découverte des cas les plus glauques. Ca promet une bonne soirée en perspective. »
Lucie Ronzoni Au tour de Violette Autoédité en vente sur Internet