Alors voici le premier roman de la série des "Nouveaux Mystères de Marseille" selon Jean Contrucci. Un régal. Les premiers de ces Mystères sont dus à Emile Zola, il faut que je les trouve....
Les mobiles des crimes sont éternels : jalousie, vengeance, appât du gain. Ici, on replonge dans les affres judiciaires d'affaires criminelles à rebondissements, puisque les faits relatés se déroulent sur plusieurs années, justement au moment où l'affaire Dreyfus déchire la France. Chaque camp a ses fans. Chacun réécrit l'histoire selon son imagination. Les journalistes judiciaires, comme l'est le principal héros, Raoul Signoret, rendent compte avec passion des débats aux Assises. Ces affaires passionnent l'opinion, comme aujourd'hui. On retrouve aussi quelques contradictions dans le traitement des jugements : comme il est difficile de rouvrir un dossier, comment un prévenu peut être à la fois innocent...et coupable. Comment il convient de se défier des aveux, comment on peut facilement manipuler des témoins vulnérables. Très actuelles, ces réflexions...
On comprend mieux aussi la psychologie de Cécile, le grand amour de Raoul, puisqu'on suit pas à pas les étapes de leur histoire contrariée; mais qui finit bien ! La description du mariage bourgeois est parfaite.
Donc, à ceux qui désirent entrer dans la saga, je conseille de commencer par ce commencement. Mais je crains que trouver ce livre soit aujourd'hui plus difficile - puisqu'il fut publié il y a presque 10 ans maintenant. Vive Amazon ou e-bay pour dégotter ces reliques !
Ainsi que le dit le site de l'association des Marseillais du Monde : "Comme ses illustres prédécesseurs, Jean Contrucci a su intelligemment mêler à une intrigue policière passionnante une très intéressante fresque sociale où les détails historiques apportent en petites touches à la justesse du récit. L’action est bien soutenue et l’évocation du Marseille bourgeois, ouvrier ou interlope de l’époque est finement restituée. Jean Contrucci paye aussi son écot à des romanciers plus contemporains et son héros Raoul Signoret, journaliste de son état, n’est pas sans rappeler le Rouletabille de Gaston Leroux. Mais il porte également indubitablement en filigrane la marque de son auteur, qui fut longtemps chroniqueur pour "La Provence".
Au passage, je m'aperçois avec terreur qu'il ne me reste qu'un seul des romans de la série à trouver et à lire...avant d'attendre jusqu'à l'automne prochain la parution d'un nouvel opus....Comment vais-je supporter ce manque ?
L'énigme de La Blancarde, roman de Jean Contrucci, édité en Livre de poche, 315 p. 6€