Avec près de 2400 cas au Canada pour l’année 2007, le cancer de l’ovaire est une maladie rare dont on parle peu. Mais avec un taux de survie de 30%, ce cancer se classe aussi parmi les plus meurtriers. Les premiers stades de la maladie sont asymptomatiques. Par conséquent, le diagnostic est souvent retardé et une forte mortalité en découle. Pourtant, une détection précoce permettrait d’augmenter le taux de survie à 70%.
C’est pourquoi, l’équipe de Guy Poirier, spécialiste du cancer de l’ovaire à l’Université Laval à Québec, est partie à la recherche des signatures moléculaires associées au stade précoce de ce cancer. Les chercheurs ont comparé deux lignées de cellules, l’une faiblement et l’autre fortement cancéreuse. Les cellules plus cancéreuses prolifèrent plus rapidement et présentent des caractéristiques morphologiques qui leur permettent de se détacher, d’envahir d’autres tissus et de se disséminer dans l’organisme. Pour mieux comprendre comment se forment ces cellules cancéreuses, les chercheurs ont cherché quelles protéines étaient à l’origine de ces caractéristiques et viennent de publier leurs résultats dans Proteome science. Ils ont découvert que ces cellules étaient anormalement riches pour certaines protéines nécessaires à la croissance cellulaire, ce qui explique leur prolifération. Inversement, elles n’ont pas assez de protéines nécessaires à l’adhésion, ce qui favorise leur détachement en groupes et leur dispersion.
Ces travaux concordent avec des études antérieures portant sur les gènes impliqués dans le cancer de l’ovaire et se veulent être une étape vers la compréhension globale du développement de ce cancer. Toutefois, selon Anne-Marie Mes-Masson, professeure à la faculté de médecine à l’Université de Montréal et co-auteure de l’article, il s’agit de résultats préliminaires sur deux situations extrêmes de la maladie. La prochaine étape sera de valider les résultats sur une gamme plus large de lignées cellulaires représentatives d’un plus grand nombre de patients et de différents stades de développement de la maladie. Ultimement, certaines des protéines identifiées pourront alors permettre de développer des outils de diagnostic ou servir de cibles pour le développement de nouvelles thérapies.
Crédit photo : Rodolfo Clix/Stock Exchange