Portrait de la pensée est L'Exposition du moment, avec un sous titre alléchant : Velasquez, Ribeira, Giordano. Mais j'ai fait quelque chose que je n'aurais pas du : j'ai commencé l'exposition en feuilletant le livre d'or. Alors qu'à Paris nous sommes habitués à des ramassis de conneries écrites par des ados ou des touristes (le livre d'or de l'exposition sur les Préraphaélites d'Orsay est un exemple flagrant), ici il n'y a que des commentaires constructifs. Oui, ça étonne. Malheureusement ils pointaient tous les aspects négatifs de l'exposition... C'est donc dans de mauvaises conditions que j'ai démarré la visite... D'autant plus que les portraits, je déteste ça, traumatisée par une dissertation d'examen...
L'exposition ne fait qu'une salle. Une grande salle présentant des portraits des philosophes. Voila. Un joli Velasquez, un joli Ribeira et des murs rouges. Et bien entendu tout un tas d'autre types peints devant des murs noirs.
Tout d'abord, on regrette l'éclairage plus que problématique, ne laissant voir les tableau que de très loin ou de côté (à moins que les taches lumineuses sur les toiles ne soient les reflets de l'âme tourmentée des philosophes... qui sait !). Puis on est franchement déçu face au manque total d'informations... Qui ne se trouvent que dans le vidéo-guide (à 1€, d'accord, mais ça n'est pas gratuit). Là, amis muséologues, la question se pose : doit-on supprimer toutes les informations d'une exposition, ici pourtant bien "classique", pour le tout multimédia ? Comment appréhender une toile du XVIIe siècle si il faut faut se contenter d'un écran de téléphone ? Bref, je me suis emmerdée...
Mais au centre de la salle, mon salut philosophique : une installation d'art contemporain, Room for St John of the Cross, de Bill Viola. L'oeuvre prend la forme d'un grand cube, noir, dans lequel on pénètre. A l'intérieur, la reconstitution d'une cellule, celle de Saint Jean de la Croix, et une vidéo de sommet enneigé projeté sur un mur. Il y a surement une explication philosophique à tout ça, peut-être même dans les fichier mp3 téléchargeable sur le site du musée, mais au moins pour ça, il n'y en avait pas besoin.
Et à l'autre bout du couloir se trouve la nouvelle salle d'archéologie, présentant quatre momies d'Antinoë. Outre l'intérêt scientifique de la chose (les momies sont passées au scanner du CHRU de Lille), il y a le côté mystique que n'avait pas l'exposition sur les philosophes. Les quatre momies sont exposées dans des vitrines en bois noir, reposant sur des textiles remarquablement bien conservés, et entouré de leur matériel funéraire. La lumière est très tamisée, la salle est voutée et en briques, et devant chaque vitrine, une banquette en cuir noir, invitant au recueillement. Et bien là, ça marche. Et quand deux heures plus tard, au déjeuner, votre soeur de sept ans est capable de vous raconter dans les moindres détail cette exposition qu'elle a vu plusieurs jours auparavant, c'est que ça marche vraiment... Et pourtant, il n'y a pas de vidéo-guide. Je dis ça, je ne dis rien...
Lo, lilloise