Doug Bandow – Le 20 mai 2011. Dominique Strauss-Kahn, le désormais ex-directeur général du Fonds monétaire international, a droit à la présomption d'innocence après l’affaire de l’hôtel Sofitel à Manhattan. Mais les accusations de viol qui pèsent sur lui symbolisent en réalité tout à fait le FMI : une institution bénéficiant de privilèges qui agit systématiquement au détriment des plus vulnérables.
L’objectif fondateur du FMI a disparu lorsque le système de changes fixes s'est effondré dans les années 1970. Mais au lieu de fermer boutique (plus d'emplois pour les bureaucrates internationaux donc !), Le FMI s’est trouvé une seconde vie dans la promotion du « développement » : il est devenu un programme de redistribution pour les États du Tiers-Monde (et, plus récemment, pour l'Europe de l’Est et même la Grèce).
Le FMI a passé des décennies à subventionner les cas désespérés de la planète. Peu, sinon aucun, ont progressé avancé grâce à ses programmes. Pire encore, si le prêt n'avait pas rapporté, ils devaient toujours le rembourser - et le FMI imposait de façon routinière des plans d'austérité sévère aux États emprunteurs pour assurer le remboursement, provoquant des émeutes à travers le monde.
En théorie, le FMI a seulement aidé les Étatss qui ont adopté de sages politiques pour permettre à leurs économies croissance et progrès - mais très souvent l'agence se trompait sur ce qui est « sage ». Elle s’est souvent concentré sur des données comptables étroites, avec des conséquences perverses, comme par exemple forcer les États à augmenter les impôts plutôt que de réduire les dépenses.
Même lorsque le FMI a poussé pour des réformes intelligentes, il a rarement été un maître exigeant : de nouveaux emprunts suivaient régulièrement les anciens, qui avaient échoué. Le Pérou a par exemple négocié 17 programmes différents sur une période de sept ans. Il y a des années de cela, l'économiste John Williamson évoquait le problème du FMI sentant la pression de devoir « prêter de l'argent afin de justifier le fait d'en avoir ». En effet, le FMI semble mesurer son succès à l’aune des montants des prêts qu’il accorde.
En conséquence, son argent a souvent servi de subvention générale pour des politiques économiques collectiviste. (Williamson a défendu un jour le FMI contre la critique selon laquelle il était trop pro-marché, en pointant ses prêts à plusieurs pays communistes irréductibles). En effet, l'agence niait fièrement toute partialité à l’encontre des systèmes collectivistes, invoquant « des programmes dans tous les types d'économies », qui se sont « accommodés de dispositifs non-marché tels que les contrôles de production, les prix administrés et les subventions ».
Il semble parfois favoriser les politiques les plus perverses. Par exemple, durant les 40 premières années du FMI, l'Inde a recueilli plus d'argent de lui que tout autre État en développement - à une époque où l'Inde poursuivait un programme d'industrialisation de type soviétique.
Aujourd'hui, le dossier de l'organisation semble moins mauvais simplement parce qu'il y a moins de régimes calamiteux auxquels prêter après la chute du communisme. Mais le Fonds est devenu un roi du sauvetage en Amérique latine, en Asie et maintenant en Europe.
Il y a un problème encore plus insidieux. Souvent, les prêts du FMI ont vraisemblablement reporté les vraies réformes - en permettant aux gouvernements de se maintenir sans effectuer les changements difficiles qui mènent à la croissance de long terme. Cela semble se produire aujourd'hui en Grèce - où le Fonds a poussé pour davantage de prêt et pour un nouveau sauvetage (à la consternation de l'Allemagne, qui paye une bonne partie de la note).
Ainsi, M. Strauss-Kahn a peut-être rendu un véritable service (public) en attirant l'attention sur le FMI. Avec l'Amérique dans le rouge, Washington devrait cesser de gaspiller de l'argent dans cette institution pernicieuse.
Doug Bandow est ancien attaché spécial au président Ronald Reagan, analyste au Cato Institute à Washington DC.