Une interview de Marcel Crahay *, dont les travaux portent sur l’échec scolaire, et les difficultés d’apprentissage en situation scolaire, me semblent insister sur l’essentiel ; ceci, en vue de l’élaboration d’un programme d’éducation pour 2012…
Il est admis – les évaluations PISA l’ont mis à jour – que le système éducatif français est inégalitaire et inefficace (en comparaison …)
En Finlande, (c’est agaçant…,je sais, mais cela permet de nous comparer et critiquer … !), « les performances des élèves varient assez peu en fonction de l’établissement fréquenté contrairement à la France où vos chances de succès fluctuent selon l’établissement fréquenté. »
A noter : « La Finlande n’accorde pas à l’éducation un budget supérieur à la France. »
« On sait que le redoublement est inefficace et inéquitable…Il concerne principalement les enfants de familles modestes.
Les systèmes les plus égalitaires comme la Finlande, la Corée, le Japon ont abandonné le redoublement – et, autre caractéristique importante, n’orientent pas avant le lycée. »
« Les systèmes français, allemand sont très pyramidaux.
La Finlande a fait une sorte de révolution pour changer cela se dotant d’une école de base de neuf ans, intégrant l’école élémentaire et le collège, sans redoublement, puis d’une école de la spécialisation qui, à partir de 16 ans, offre une large gamme de spécialisation. »
« Les systèmes éducatifs des pays scandinaves sont organisés de sorte que les élèves de 7 à 16 ans restent dans un système scolaire unifié, le primaire et le secondaire inférieur étant fusionnés. »
Le système français, dont le cursus scolaire s’apparente à une course d’obstacles avec évaluations régulières a montré, avec la scolarisation de masse, ses limites. De plus, le lycée a tendance à se formater (idéalement) sur les classes prépas ; et le collège sur le lycée…
« Les évaluations régulières qui enregistrent les résultats des élèves à chaque test sont préjudiciables aux élèves faibles. Au contraire des évaluations formatives qui ont pour objectif de repérer les difficultés, d’ajuster l’enseignement en conséquences et d’informer les élèves, sont un facteur positif. Dans le premier cas, le message envoyé aux élèves est « toute erreur se paie cash ». Dans le second, le droit à l’erreur est reconnu. »
Aujourd’hui, notre société, se doit d’offrir à tous, une Ecole – pensée comme un lieu de vie épanouissant - et regroupant des individus différents. Il y a donc un positionnement très ouvert à l’hétérogénéité.
Le redoublement a un coût : « Ce que je propose avec d’autres c’est de réduire drastiquement le redoublement pour allouer l’argent récupéré à autre chose, comme par exemple le suivi des élèves en difficultés. »
Marcel Crahay * Professeur de pédagogie théorique et expérimentale à l’Université de Liège, interrogé par Lydie Buguet du SNUIPP.