Chronique d’une catastrophe sans fin : Les jours se suivent à Fukushima et se ressemblent étrangement. Jour après jour Tepco découvre que ses réacteurs fuient, dit faire ce qu’il faut pour les colmater, constate désolé l’explosion des taux de radioactivité en mer, découvre qu’il a des tonnes d’eau radioactive sur les bras. Le combustible n’en finit pas de se retrouver hors d’eau et de fondre à nouveau. Seule nouveauté, on va abattre la marmotte.
L’explosion de testostérone survenu dans la suite 2806 du Sofitel de New York, a complètement éclipsé les nouvelles en provenance de celui de Fukushima Daiichi. Il faut dire que les médias aiment la nouveauté et détestent la répétition. Or à Fukushima, le bégaiement est devenu la règle quotidienne, comme une version sinistre et dramatique du film où Bill Muray se trouve piégé dans une journée unique qui se répète à l’infini.
Cette répétition devrait être la source d’inquiétude dans cette succession d’accidents majeurs et dramatiques et la Chine et la Corée ne s’y sont pas trompés qui envoient aujourd’hui des émissaires transmettre leur impatience et leur inquiétude à leur négligeant voisin.
En effet l’opérateur TEPCO a communiqué le 12 mai sur la situation du réacteur n° 1 et ce qu’il explique est sidérant :
Des fuites ont été constatés dans l’enceinte du réacteur n°1, entrainant la baisse du niveau de l’eau au dessous du niveau des barres de combustible en dépit de l’injection de 7 tonnes d’eau par heure. Selon TEPCO, cela n’a pas entrainé l’exposition du combustible, ce qui signifierait qu’il n’est plus en place mais avait précédemment coulé au fond de la cuve du réacteur.
Une visite d’ouvriers dans le bâtiment effectuée le 5 mai avait effectivement conclu que le combustible fondu se trouvait au fond de la cuve et menaçait de la percer.
Une fois la cuve percée, le refroidissement se fait à eau perdue : des tonnes d’eau contaminée inondent le soubassement des réacteurs, que TEPCO ne peut stocker indéfiniment .
TEPCO estime à plus de 98 500 tonnes les eaux polluées radioactives dans les bâtiments du réacteur n°1 au n°6, la salle de turbine et le puits vertical extérieur. Si l ‘on additionne 7 600 tonnes des eaux polluées transférées du réacteur n°2 et n°3, la quantité de l’eau polluée radioactive dépasse déjà les 100 000 tonnes.
TEPCO a ajouté qu’il y a quelque 20 000 tonnes des eaux polluées dans le bac de stockage de l’eau condensée et en d’autres endroits.
Le nouveau plan de Tepco, consiste désormais à refroidir les réacteurs 1, 2, et 3, en y faisant circuler une eau récupérée, décontaminée puis réinjectée. Mais la mise en place d’un tel système de retraitement de l’eau prendra des mois et implique de refroidir l’eau avant de la réinjecter.
Il est donc évident que l’eau injectée par TEPCO dans le réacteur n°1 a provoqué des rejets l’eau polluée à la mer comme le confirment les taux de cesium 134 dix-huit mille fois au dessus du niveau normal.
À la suite de ces injection d’eau, TEPCO estime qu’elle aura 200 000 tonnes des eaux polluées à traiter avant décembre.
TEPCO explique que la « fuite d’eau » dur réacteur n° 1 a été colmatée en coulant du béton, mais des situations similaires sont déjà redoutées dans les réacteurs n°3 et 5.
Tout confirme donc le scénario du syndrome chinois : les coriums fondus de ces trois réacteurs perce en ce moment (ou a déjà percé) le confinement et va s’écouler dans les sous-sols du bâtiment où il n’est plus aussi aisé de le refroidir. On ne pourrait alors prédire si le corium arrêterait sa course avant d’atteindre les nappes phréatiques, lesquelles montrent déjà des premières traces de contamination d’après ce qu’affirme Harry Bernas, directeur de recherche au CNRS.
Tout le scénario de sortie de crise de TEPCO est basé sur le colmatage des fuites et le maintien du corium au sein des cuves ce qui permettrait la stabilisation de sa température d’ici janvier 2012.
Un scénario que certains experts estiment aujourd’hui non seulement optimiste mais de plus en plus illusoire.
Le Premier ministre chinois Wen Jiabao et le président sud-coréen Lee Myung-Bak on prévu de se rendre au Japon, pour exprimer leur soutien aux japonais dans cette épreuve.
Nulle doute qu’ils viendront aussi en voisins inquiets et soucieux d’obtenir des autorités japonaise des preuves de la maitrise de la situation que les communiqués de la TEPCO ne donnent pas.
Pendant ce temps, des milliers de têtes de bétail se trouvant dans la zone d’exclusion des 20 kilomètres autour de la
centrale nucléaire de Fukushima sont abattues avec les « excuses [du gouvernement] pour les souffrances infligées aux personnes qui ont élevé ces animaux » .
Désolé.
Par Aldous pour AgoraVox
Merci à Section du Parti socialiste de l'île de ré
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