Vie de meuf : chroniques d’un sexisme ordinaire

Plus que jamais d’actualité avec le sexisme ambiant découlant de l’affaire DSK, « Vie de meuf » sort son premier ouvrage en librairie

Pour faire état du « sexisme quotidien », l’associationOsez le féminisme crée en 2010 son pastiche de Vie de merde. Intitulé Vie de meuf, ce site met en lumière les inégalités hommes-femmes qui persistent dans notre société. Le succès est au rendez-vous, à tel point qu’un livre réunissant les anecdotes les plus marquantes ponctuées de rappels historiques est sorti en librairie le 19 mai.

Les inégalités au quotidien

« En 2011, en France, les femmes gagnent en moyenne 27% de salaire en moins, assument 80% des tâches ménagères, représentent 18,5% des députés, constituent 85% des travailleurs précaires, sont victimes de violences au quotidien (chaque année, 75 000 femmes sont violées en France) et sont obligées de se coltiner régulièrement les blagues machistes encore fortement en vogue… La liste pourrait continuer longtemps. L’objectif de ce blog est de rendre visible le sexisme ordinaire pour montrer l’importance d’être – encore aujourd’hui – féministe ! », annonce l’association en guise d’introduction de son site. Dans son ouvrage qui est à la fois une compilation des anecdotes les plus hallucinantes des femmes, un rappel de la loi et des quiz très informatifs, l’association dresse le portrait d’un sexisme quotidien.

Affaire DSK : les dessous d’un machisme non-dissimulé

Depuis l’affaire DSK, les remarques sexistes et machistes ne cessent de fleurir un peu partout. En vertu de la présomption d’innocence, la France accorde davantage de crédit à Dominique Strauss-Kahn qu’à la femme de chambre du Sofitel. Ce qui laisse place à de nombreux écarts de langage. Du côté des politiques, on pourra notamment reprocher à Jack Lang son malencontreux « Il n’y a pas mort d’homme », en parlant du viol présumé de la femme de chambre du Sofitel. Les avocats de DSK ont également jugé la jeune femme « peu séduisante », insinuant qu’elle ne pouvait donc pas avoir été violée. Sur son site, Osez le féminisme s’indigne contre ces remarques : « Rappelons que le viol concerne toutes les catégories sociales. Il n’est pas réservé à un certain profil d’hommes et ne concerne pas seulement des femmes au physique très attrayant. Les femmes qui sont victimes de viols et tentatives de viols ont un seul point commun : être femmes et, en tant que telles, être considérées comme des objets. »

À l’heure où seule une victime de viol sur dix porte plainte en France, les associations féministes s’inquiètent de la tournure que prennent les jugements et moqueries autour de cette affaire, qui pourraient dissuader plus d’une femme de porter plainte.

Petit florilège de certaines « vies de meufs » :

Aujourd’hui, dans l’entreprise où je travaille, le pictogramme sur les toilettes hommes représente Albert Einstein, celui des toilettes femmes, Marilyn Monroe. CQFD.
Mathilde

En plein divorce, au moment de parler de la garde, mon ex : « Je pense qu’il vaut mieux que les enfants restent avec toi. Les enfants ont plus besoin de leur mère. » Ou comment se déresponsabiliser en se cachant derrière un lieu commun bien rétrograde…
Emilie

Dans une brasserie avec mon copain, nous décidons de commander à déjeuner. N’ayant pas mangé le matin, je décide de commander un burger et des frites, alors que mon copain lui, ne prend que des pâtes au saumon fumé. Alors que nous avons bien chacun annoncé notre choix perso, lorsque la commande arrive, c’est devant l’homme qu’est posé le gros burger bien gras, et devant moi, femme fragile, le saumon, forcément…
Marionnette

Vie de meuf, le sexisme ordinaire illustré (éd. JBZ & Cie), 12,50 €.

Famille, travail, couple, rencontres, soirées… : racontez vos anecdotes de « vie de meuf » sur le site.http://viedemeuf.blogspot.com/

Lauren Clerc