Après avoir travaillé auprès de Jean-Philippe Nuel et réalisé des clubs comme le Privilège à Paris et le Gold & Platinum à Genève, Laurent Maugoust semble être une valeur montante de l’architecture intérieure parisienne actuelle. Après le First hôtel, il planche actuellement sur trois projets d’hôtels indépendants à Paris. Rencontre.
Hoosta magazine – Vous êtes diplômé de l’Ecole Camondo. Racontez-nous votre parcours.
Laurent Maugoust : J’ai commencé ma carrière d’architecte d’intérieur auprès de Christian de Portzamparc, chez qui je suis resté pendant 1 an et chez qui j’ai rencontré mon collaborateur et ami Florian Beck (virtuose de l’image de synthèse). J’ai ensuite collaboré pendant 7 ans avec Jean-Philippe Nuel en qualité de Directeur Artistique au sein de son agence. Parallèlement, j’ai toujours réalisé des projets en nom propre, des appartements pour des particuliers, des restaurants parmi lesquels le restaurant des Frères Pourcel, le « 83 Vernet » (ex Compagnie des Comptoirs) à Avignon, des clubs… J’ai ensuite choisi de me consacrer entièrement à la réalisation de projets personnels et finalement c’est en réalisant des appartements pour des hôteliers que j’ai mis un pied dans ce secteur !
Hoosta magazine – Quels architectes connus vous ont donné envie de faire ce métier ?
L.M. : Avant toute chose, mon métier est un mélange entre architecte d’intérieur, décorateur et designer ; mes inspirations sont donc multiples. J’ai suivi les cours du soir aux Beaux-Arts dès l’adolescence, j’aimais beaucoup le dessin. J’ai été élevé dans un environnement créatif : ma mère était professeur d’art plastique et mon père avait une formation d’architecte. Il avait dessiné notre maison, réalisé une maquette avec laquelle je jouais étant petit. Mais ma vraie première inspiration c’est le cinéma, la science fiction et Stanley Kubrick. Particulièrement deux de ses films que j’ai vu très jeune : Barry Lyndon et 2001 l’Odyssée de l’Espace. D’ailleurs c’est amusant, car cela illustre assez bien mon goût pour les oppositions et les contrastes. Longtemps j’ai voulu faire de la scénographie pour le 7ème Art. J’ai aussi été très marqué par les premières réalisations de Philippe Starck dans les années 80, la tour sans fin de Jean Nouvel et par les grands architectes et décorateurs de la première partie du XXe siècle, comme Jean-Michel Frank, Eileen Gray, Mies Van der Rohe, Frank Lloyd Wright et Charlotte Perriand.
Hoosta magazine – Vous êtes spécialisé dans l’hôtellerie. Qu’aimez-vous dans ce secteur ?
L.M. : Sans aucun doute, la mise en scène ! Il ne faut pas se prendre au sérieux, lorsque l’on sort au restaurant ou que l’on séjourne dans un hôtel, on a envie d’être surpris mais également de retrouver certains archétypes et repères. Pour cela, il faut garder l’esprit du lieu tout en y incorporant une idée forte, afin de mettre en valeur l’espace. Je suis très marqué par l’architecture et le décor des grandes demeures du XIXe, c’est une réelle base de travail pour moi. La pérennité, je trouve ça très beau.
Hoosta magazine – A quoi reconnaît-on votre travail ?
L.M. : Je n’ai pas de « touche » particulière, je travaille à l’instinct. Bien sûr, nous sommes tous dans une tendance, mais j’aime appliquer une certaine représentation du luxe, comme la hauteur, le marbre etc. J’aime les points de focalisation, pas les choses parsemées. L’éclectisme est ce qu’il y a de plus difficile à composer, et la virtuosité est rare. Aujourd’hui, il est difficile de réaliser des projets qui s’inscriront dans la durée et il vrai que des éléments déjà établis fonctionnent souvent à merveille, c’est pour cela que j’aime respecter l’esprit des lieux et ne pas tout changer systématiquement. Ce devait être incroyable de pouvoir réaliser des projets dessinés jusque dans les moindres détails, et réalisés entièrement sur mesure. C’est certainement pour cela que je suis fasciné par les villas de Frank Lloyd Wright. Mais j’aime aussi mettre un peu d’humour et d’impertinence dans mes projets, des clins d’oeils, casser le rythme d’un hôtel un peu trop sage ou bourgeois en y cachant la chambre de Michael Corleone ou celle de Mireille Darc et Alain Delon avec des tentures en satin noir et panthère, comme j’ai pu le faire récemment au First Hôtel.
Hoosta magazine – Quels sont vos hôtels coups de cœur dans le monde ?
L.M. : J’aime beaucoup l’hôtel Bulgari à Milan réalisé il y a déjà quelques années. Il est contemporain mais Antonio Citterio a réussi à créer un lieu assez intemporel et hors mode. Il faut que je cite The Hotel à Lucerne en Suisse, réalisé par Jean Nouvel. Il a revisité la fresque classique en incorporant des images de cinéma dans les plafonds. L’hôtel Puerta América à Madrid, pour le concept… Mais aujourd’hui ma préférence va au Negresco à Nice, justement pour l’éclectisme dont je parlais tout à l’heure, pour moi, c’est le raffinement absolu.
www.laurentmaugoust.fr
www.the-hotel.ch
Voir notre article sur le First Hôtel.
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