Alors que l'année 2011 sera marquée par le cap des 7 milliards, un rapport des Nations unies révèle que la planète devrait compter 9,3 milliards d'individus en 2050 et 10,1 milliards en 2100. Une augmentation qui impliquera nécessairement des changements fondamentaux dans l'utilisation des ressources et des comportements de consommation.
Dans la dernière estimation de l'ONU, datant de 2008, la population devait atteindre un pic en 2050 avant de se stabiliser. Le rapport des Nations Unies publié le 3 mai change la donne, émettant l'hypothèse d'un accroissement de la population jusqu'en 2100 avec un pic de 10,1 milliards d'individus sur la planète.
Pourquoi une telle hausse ? Le taux de fertilité reste important dans les pays pauvres comme la Zambie, le Malawi ou le Niger, et augmente aussi dans plusieurs pays riches, comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou la France. Dans le même temps, les avancées médicales (notamment la lutte contra la propagation du SIDA ainsi que l'amélioration du traitement) et l'amélioration du niveau de vie permettent de vivre plus longtemps.
Cet accroissement démographique devrait s'observer tout particulièrement en Afrique. La population pourrait y tripler en un siècle pour atteindre les 3,6 milliards d'habitants. Un défi pour un continent qui ferait encore face à bien des problèmes de nutrition et d'accès à l'eau... L'Amérique du Nord devrait elle aussi voir sa population croître de 50 %, passant de 344,5 millions aujourd'hui à 526,4. L'Europe, en revanche, devrait suivre la tendance inverse, malgré une très nette disparité entre pays. Dans sa totalité elle devrait ainsi atteindre les 675 millions d'individus en 2100 alors qu'elle en compte actuellement 738 millions.
Enfin, une tendance inédite ressort de cette étude : la population chinoise, actuellement la plus importante avec 1,34 milliard d'habitants, devrait décroître après avoir atteint son maximum en 2035. La tendance est déjà au vieillissement de la population, comme en témoigne les derniers recensements chinois.
Plus d'hommes sur terre implique a priori plus de consommations et d'émissions de gaz à effets de serre. Mais le problème n'est pas aussi simple qu'il n'en a l'air, en raison des disparités des empreintes écologiques de chaque Etat et des habitudes de consommation de chaque population. En effet, un Américain est responsable de l'émission de 1 644 tonnes de CO2, soit 5 fois plus qu'un Chinois et 91 fois plus qu'un Bangladais. Si la hausse de population est plus forte dans les pays pauvres, elle devrait donc de manière plus certaine poser un problème de place, de terres disponibles et d'approvisionnement alimentaire. Ce qui bien évidemment pose aussi les questions de la déforestation et de la perte de biodiversité.
Selon Jamais Cascio, chercheur à l'Institut pour le futur de Palo Alto interrogé dans le New York Times, " une planète de 10 milliards d'hommes qui cherchent tous à atteindre le niveau de vie de l'Ouest requiert une nette augmentation de notre capacité énergétique. Il n'y a aurait aucune manière de prodiguer cette énergie sans gravement nuire à l'environnement." Toutefois, il affirme que des scénarii optimistes existent, à condition d'un " changement fondamental dans l'utilisation des ressources, dans notre comportement, et l'application réfléchie des technologies émergentes." " Par exemple, si nous convertissions notre régime actuel par un régime principalement végétarien, avec une viande de synthèse (produite en laboratoire), ce serait possible " explique-t-il.
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Le rapport rappelle que les dernières prévisions démographiques pourraient êtres erronées si le changement climatique, les guerres, la famine ou les épidémies venaient à enrayer la hausse de population.
Alicia Muñoz