Le concert de Katerine est normalement prévu en configuration sans le haut du Cirque, mais finalement l'organisateur décide
d'ouvrir les balcons espérant que des tickets supplémentaires se vendent encore ce soir aux guichets du Cirque Royal.
C'est à Playboy's Bend, from Belgium, que revient l'honneur de lancer la soirée. Sur le coup de 20h, Xavier Gazon et Caroline
Dehareng démarrent un set dans un esprit complètement décalé sur des mélodies electro cheap from the 80's.
Utilisant des synthés vintage et des instruments faits maison ou des jouets d'enfants, leur démarche, simple et ludique, donne
irrésistiblement envie de danser. La filiation avec l'univers de Katerine est évidente. Debout devant un écran sur lequel sont projetés des petits films amusants leur démarche rappelle un peu
Chazam dont j'avais chroniqué l'année dernière sur Concerts-Review un concert délirant au Bar du Matin. Le côté répétitif des textes et les beats electro minimalistes rappellent aussi un peu
l'univers d'Eli et Jacno. Ces gentils bidouilleurs déjantés nous feront vivre un set sympa et amusant.
Changement radical de style avec Irma, chanteuse auteur/compositeur d'origine camerounaise, révélée par le label My Major
Company.
Affrontant le public dans la simplicité d'une guitare-voix Irma s'en tire plutôt pas mal même si on ne peut s'empêcher de penser à des artistes officiant à leurs débuts
dans le même registre comme Ayo, Tracy Chapman ou Lauryn Hill. Ceux qui apprécient les artistes précités aimeront sans doute Irma, même si on peut s'interroger sur la valeur ajoutée d'une
nouvelle artiste évoluant dans un créneau musical où l'on se bouscule déjà aux portillons. Les amateurs apprécieront et en définitive le public lui fit un bon accueil.
Mention bien donc pour Irma et très mauvais point par contre pour une partie du public irrespectueux et
indiscipliné qui n'a pas arrêté de parler pendant tout le set de la jeune femme dérangeant par la même occasion ceux qui étaient venus pour la musique et pas spécialement pour s'agglutiner au bar
ou se raconter les biens bonnes de la semaine. Pitoyable.
Il est maintenant près de 22h et la fosse est bondée. Katerine peut rentrer en scène.
Debout en rang d'oignon avec ses choristes/danseuses derrière un écran blanc le français déjanté est vêtu d'une veste de jogging bleue, d'une casquette et d'un kilt à carreaux.
Il attaque avec "Bla Bla"... Quelques instants plus tard il enlève le kilt et laisse apparaitre un mini short couleur jean hyper seyant ( sic!) qui rendrait ridicule tout autre être humain se
produisant sur scène face à un public. Katerine, lui, peut et va tout se permettre. Alternant chorégraphies complètement folles et poses sexy-ringard il est on stage comme un poisson dans l'eau,
trublion génial face à son public.
"La Reine d'Angleterre"( irrévérencieux) et "les Bisous" donnent le ton. Ce soir on est dans le grand n'importe quoi porté aux nues par certains, détesté par les autres.
Les titres parlent d'eux mêmes : "la banane", "J'aime tes fesses", "VIP" ou "Philippe" dont les seules paroles sont : Tu t'appelles
comment? Philippe ! Tu t'appelles comment Philiiiiipe ! répétées ad libitum jusqu'au moment où l'intéressé pète un câble. Hilarant!
"Moustache" ( Mets ta moustache ! Enlèèève ta moustache...!) enfonce encore plus loin le clou du non-sense et confirme que le show de cette tournée sera
encore plus fou que les précédents.
"Est ce que je peux vous présenter mes présidents de la république ?" et Katerine nous présente ses musiciens
et ses danseuses.
Un type crie: "T'es un génie !"
"Ne redis plus jamais ça...ou j'appelle la police !"
"Président !" crie le type.
"Président d'accord !" répond Katerine.
Ce mec là est naturellement dingue, continuellement sous ecstasy sans rien prendre et sans jamais se prendre au sérieux. Poussant la créativité et le ridicule jusqu'à son paroxysme, riant de tout
mais jamais il ne se moque du public. J'ai eu l'occasion de le rencontrer il y a quelques mois backstage et je peux vous assurer qu'il est d'une gentillesse et d'une modestie incroyable. Un vrai
dingo comme on les aime. Chez lui la folie devient déclinaison artistique.
Terminant le set par "Musique d'ordinateur" et "Le champ de blé", il reviendra au rappel nous chanter "Bonjour", "Marine Le Pen"," Les Etoiles", "Excuse moi", "Borderline", "Patati-patata",
"Poulet 728120" (100% punk !) et l'inévitable "Louxor", interprété dans une configuration batterie, basse guitare high energy et avec des danseuses arborant des squelettes sur leur tenue et un
public en délire.
Au final, un concert dingue, iconoclaste, atypique et ludiquement interpellant par le fou chantant du rock alternatif français.
Mais la folie est elle toujours bien là où l'on croit..? Katerine fait du bien à nos âmes.