Jodie Foster, actrice (et plus) aussi rare que talentueuse. Mel Gibson, poids plus si lourd d’Hollywood, également aux multiples talents. Ces deux là se connaissent, et ne se sont pas réellement montrés depuis quelques temps. Collant étrangement au passage à vide d’un Gibson plus habitué au fratras judicio-people ces dernières années, The Beaver est une histoire de dépression, de rédemption et de famille. Une histoire typiquement américaine, à la différence qu’elle est emmenée ici par des artistes de talent, et avec intelligence. Quelquefois, cela suffit à faire la différence.
On ne tourne pas autour du pot : Walter Black, père et chef d’entreprise, est dépressif. Rien n’y fait, il n’y arrive plus, passant ses journées à dormir. Au détour d’une nouvelle crise familial, il quitte le domicile conjugual pour tomber sur une vieille peluche fatiguée.. Un castor. Devenu son alter aego ventriloque, le castor s’empare de Walter, et interagit avec le monde extérieur à sa place. D’abord excusé comme nouvelle thérapie, ce castor permet à Walter de communiquer d’une nouvelle manière, d’exorciser ses démons et de renouer des liens avec ses proches, tout en paraissant extrêmement étrange. Fable moderne autour d’un homme et ses problèmes, The Beaver (titre VO) est un drame empreint d’une grande générosité de la part de ses acteurs, et de sa réalisatrice. Sur un thème amplement éculé (oui..), Jodie Foster ne fait pas de grands sentiments et se concentre sur ses personnages, trouvant le temps à côté de Walter de développer le parallèle avec son fils aîné. On ne pourra que regretter que le film n’aille pas chercher un peu plus le reste de la famille.
Et c’est la grande force de The Beaver, ne pas chercher à en faire plus. Mel Gibson, sidérant de désespoir, retrouve là un rôle à sa mesure (à sa situation, serait ce son Wrestler?), pour en étonner plus d’un. Jodie Foster, égale à elle-même, est d’une justesse irréprochable à ses côtés. Un duo qui fonctionne, pour un film familial et attendu comme tel, au dénouement pourtant peu commun, radical mais pas forcément illogique. Ne cherchant à casser le moral du spectateur, The Beaver ajoute quelques petites touches d’humour très utile, pour un ensemble qui reflète l’amour que se porte chacun des membres de cette famille. Sans être forcément d’une originalité accrue, The Beaver est le film qui fait du bien. Et qui donne évidemment envie de revoir Mel Gibson et Jodie Foster sur grand écran (ensemble?).