Le soleil est couché depuis des millénaires
Il ne réchauffe plus ces terres de sa lumière
Le ciel n'est que grisaille sans maquillage d'été
C'est une saison qui ici est oubliée
Du haut de la grande falaise de poreuse craie
Si un homme pouvait d'ici contempler l'horizon, il sauterait…
Mais plus un être vivant n'est en ces contrées malheureuses
Plus un chant d'oiseau, plus une âme, plus de sang, plus de veine
Même la moindre fleur s'est donnée à la faucheuse,
Plus rien ne respire, qu'une ambiance lourde pesante et malsaine…
Le seul mouvement étant celui du vent, chaud est sifflant un air de misère
Balayant sur le sol et dans l'air des restent de poussière
Les remouds océaniques creusent, frappent, agressent la roche
Petit à petit les blocs s'effritent, se séparent, se décrochent
La violence des vagues ne hurle pourtant pas
Il n'y a toujours que le vent qui chuchote sa loi…
En plein milieu de ces écumes silencieuses trône une pierre
Sur celle-ci un vieux tronc d'arbre à demi mort
Il n'expire plus depuis longtemps dans ce désert
Mais la nature, forte, lutte contre le sort
Elle a laissé dans les branches desséchées, les mémoires anciennes
Du passé où la vie inspirait le temps à plein poumons
Du passé où aubes et crépuscules dansaient à la chaîne.
Seulement aujourd'hui, il n'y a plus d'heure, de jour, de mal ou de bon…
Dans ces paysages dévastés on imagine la pluie et l'orage ;
Pourtant, cela fait bien des années que les nuages
Ne pleurent plus la souffrance de ces territoires.
Dans cette sècheresse noyée de désespoir,
L'arbre s'endort…il est fatigué de son asphyxie, de solitude et de peine
Il ferme les yeux sur la contrée dont la laideur est reine.
Il fait noir, enfin, ce néant est déjà tellement plus apaisant dans un sens
Que la vision oppressante de cet univers glauque saignant la souffrance.
L'arbre ferme les yeux et sourie, il est si beau
Il a hâte de dépasser ce voile nuageux là-haut,
Atteindre l'au-delà de ce mur gris et froid
Tendre son âme à l'astre solaire une dernière fois