Cheveu
Mille [Born Bad]
Janvier 2011
Le trio français Cheveu est bien plus apprécié à l'étranger. Comprenez qu'en France, on préfère le politiquement correct. Les groupes en marge de la french touch, concept quelque peu limitatif, ne semblent pas s'incruster aisément dans le panorama. À vrai dire, Cheveu n'ont aucune frontière stylistique : c'est un joyeux bordel électrique. Appelez ça du noise-lo-fi-punk-garage-hip-hop si vous voulez, mais je ne pourrai pas être plus précis ; eux-mêmes n'osent se comparer à personne. En écoutant Quattro Stagioni et No Birds, on est vite surpris ; ils ont décidé de foutre des cordes sur ces vers sauvages, et ça rend tellement bien ! Mille est leur troisième album et il est tout aussi perturbant que les autres, sinon plus. La voix peu distincte, qui paraît plus dérangée qu'épanouie, raconte des histoires farfelues sur un maelström sonore anxieux et saturé. Nick Cave, ou tout autre original timbré, apprécierait sans modération. On peut dire que Mille est bourrin ; je le qualifierais d'imparfait et d'explosif. Il fait sacrément peur, et ceux qui n'apprécient pas vous sortiront tout de suite : « c'est un truc de drogué ». Je les comprends. Imaginez que les concerts de Cheveu sont à la hauteur du chaos : tympans douloureux et gueule de bois psychologique. Orgasmique.♫♪