Interview (presque) imaginaire : Barack Obama

Graoulliennes, Graoulliens, amical bonjour de la pointe Bretagne ! Aujourd’hui, notre ami Renan peut se vanter d’avoir un invité on ne peut plus prestigieux ! N’est-ce pas, Renan ?  

RENAN APRESKI : Tout à fait, Blequin, puisque je suis avec le président des États-Unis d’Amérique, Barack Obama.

BARACK OBAMA : Bonjour, monsieur Apreski.

R.A. : Monsieur le président, si je vous reçois aujourd’hui, c’est pour parler de cette affaire qui fait grand bruit en France et qui vous concerne en grande partie…

B.O. : Oui, je sais. Mais vous savez, si nous avions la possibilité de ramener Ben Laden vivant, nous l’aurions fait et…

R.A. : Non, je ne parle pas de ça, c’est le passé, maintenant !

B.O. : Le passé ? C’était il n’y a pas trois semaines !

R.A. : Et oui, ça nous rajeunit pas ! Enfin, quoi qu’il en soit, monsieur le président, la question que nous nous posons actuellement en France est la suivante : comment a-t-on pu en arriver à ce que Dominique Strauss-Khan soit inculpé et incarcéré ?

B.O. : Ah ? Et bien c’est simple : monsieur Strauss-Khan est accusé par la justice de notre pays d’avoir commis de graves délits sur le sol américain, et il doit s’en expliquer. Voilà. 

R.A. : C’est tout ? 

B.O. : Et bien oui. 

R.A. : Enfin, quand même, c’était le président du F.M.I. !

B.O. : Et alors ? Ne sommes-nous pas tous égaux devant la loi ? La justice est la même pour tout le monde, même pour les hommes les plus puissants ! Certains de mes prédécesseurs, je vous le rappelle, ont été destitués pour moins que ça !

R.A. : Oui mais…en France, ça nous gène un peu, quoi…

B.O. : Oui, je comprends que le sort d’un de vos compatriotes soit de nature à vous émouvoir, mais votre solidarité nationale, que je respecte, ne doit pas entraver le…

R.A. : Non mais il n’y a pas que ça : Strauss-Khan, c’était notre futur président de la République ! 

B.O. : Ah ? Les élections présidentielles ont déjà eu lieu et Strauss-Khan a gagné ? Sarkozy ne m’en avait rien dit, il a sans doute honte d’avoir perdu et de devoir passer la main…

R.A. : Mais non, les élections n’auront lieu que dans un an !  

B.O. : Hein ? Ben alors comment vous pouvez dire que Strauss-Khan était votre futur président, puisqu’il n’était pas encore élu, que personne n’avait encore voté ? Vous croyez qu’on m’appelait « monsieur le futur président » un an avant les élections ? Il s’était déclaré candidat, au moins ?

R.A. : Heu…non.

B.O. : Même pas ? Mais vous avez des devins, chez vous, ou quoi ? Ils prédisent le résultat des élections avec un an d’avance ? 

R.A. : Pas exactement, mais il y a des gens qui font des hypothèses, comme Jean-Michel Apathie, Étienne Mougeotte, Laurent Joffrin, Alain Duhamel…

B.O. : C’est qui, ces types-là ? Jamais entendu parler ! Si vous les écoutez aussi religieusement, il doit choisir de pointures intellectuelles, de mecs bardés de diplômes !  

R.A. : Heu…ça, on ne sait pas… 

B.O. : Non mais je rêve ? Des gens dont vous ne connaissez même pas le cursus universitaire, vous les écoutez dire à votre place pour qui vous allez voter à une élection qui n’a lieu que dans un an et dont vous ne connaissez même pas tous les candidats ? Et c’est pour ça que l’incarcération de Strauss-Khan vous pose problème à ce point-là ? Pourtant, je suis sûr que ce n’est pas la première fois que ça arrive, un de vos hommes politiques qui va en prison !  

R.A. : Ben en fait si, c’est assez rare… 

B.O. : Ah, et bien il est réglé votre problème : si aucun de vos politiciens n’est allé en prison, c’est que vous avez tout un vivier de gens honnêtes à élire, donc, pas besoin de Strauss-Khan !  

R.A. : Heu…pour être franc, c’est pas tout à fait ça : notre ancien président de la république, monsieur Chirac, doit passer en jugement en septembre…  

B.O. : Ah, qu’est-ce qu’il a fait de grave ?  

R.A. : Ben, apparemment, quand il était maire de Paris, il payait avec les deniers de la municipalité des gens qui étaient officiellement employés de la mairie mais qui, en fait, travaillaient à l’aider à devenir président de la République. On l’accuse aussi d’avoir truqué des marchés publics, d’avoir produit de fausse factures, d’avoir falsifié des listes électorales, d’avoir détourné des fonds, de…

B.O. : N’en jetez plus, la cour est pleine ! Et vous avez découvert tout ça récemment ?

R.A. : Heu…non, on le savait depuis plus de dix ans !   

B.O. : Et vous avez attendu autant pour le juger ?

R.A. : Ben…il fallait attendre qu’il ne soit plus président !   

B.O. : Purée, mais le mandat présidentiel dure quinze ans, chez vous ?

R.A. : Heu non : avant, il durait sept ans, et depuis 2002, cinq ans.

B.O. : Attendez…ne le dites pas que vous l’aviez réélu entretemps en sachant tout ça ?

R.A. : Ben…si.  

B.O. : Et il n’a même pas été traduit en justice pendant tout ce temps ? 

R.A. : Ben non, il y a l’immunité présidentielle…

B.O. : Ah, d’accord, je comprends tout ! Si Nixon avait été président chez vous, il n’aurait jamais été obligé de démissionner ! Pas étonnant, après, que ça vous trouble, de voir un de vos hommes politiques aller au trou, tout est fait pour que ça arrive la semaine des quatre jeudis, et ce, dans l’indifférence générale ! En parlant, de général, j’en connais un qui avait raison !  

R.A. : En quoi ?

B.O. : Quand il disait « Les Français sont des veaux » !

R.A. : Ah ben voilà : quand on voit à quel point les Américains méprisent la France, pas étonnant qu’ils en arrivent à mettre en prison notre prochain président ! Allez, kenavo !

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