Il y a quelques jours, Jean-François Copé lançait au Perreux-sur-Marne, devant une assemblée de militants ou adhérents UMP, une campagne nationale pour « valoriser auprès des Français les quatre années de réformes que nous avons engagées ». Canal+ a diffusé dans le Petit Journal de Yann Barthès un reportage où un journaliste demandait à ces militants les trois réformes de Nicolas Sarkozy qu’ils avaient retenues.
La première personne interrogée, une brave dame, qui semble mâchouiller un chewing-gum, réfléchit longuement, plutôt perplexe, et finit par lancer, avec conviction : « Je pense que personne d’autre n’aurait pu faire c’qu’il a fait ! ». Puis, après un temps, toujours mâchouillant : « les trois choses qu’il a fait, euh…il a apporté euh … un bien-être … aux Français …. Ça m’vient pas comme ça mais euh… ».
Le journaliste tente alors de mettre ces braves gens sur la voie, en citant comme première réalisation les retraites. La première personne interrogée répond : « Ah ben, la réforme des retraites, c’est évident ! » Une deuxième approuve : « la retraite », puis une troisième : « la retraite », avant qu’une quatrième ne conclue : « eh bien, y a eu l’accord des retraites, c’était indispensable ! ». Comme apparemment l’âge a mis ces personnes à l’abri de l’augmentation de la durée de cotisation, je me demande s’ils auraient manifesté le même enthousiasme si cette réforme indispensable s’était traduite par une baisse du montant des pensions.
Sans se décourager, le journaliste demande quelle est la deuxième réforme remarquable. Une militante bredouille indistinctement : « Ben, il en a fait, il a fait… » puis capitule. Une deuxième prend le relais : « Là, j’sais plus, vous me prenez un peu au dépourvu. Moi, de toute façon, c’qu’il a fait, c’est bien ! » . Le micro est alors présenté à une dame qui confesse bientôt son impuissance et se tourne vers son mari : « Je n’sais pas, aide-moi, Minou ! ». Minou se jette alors à l’eau : « Ben, j’vois pas très très bien pac’qu’il a quand même fait pas mal et ça me mélange un p’tit peu dans ma tête, tout ça ».
Le journaliste suggère alors une troisième réforme et une dame, assez déterminée, répond : « Pour les handicapés, aussi, pour euh … ça, il a fait beaucoup ». Le journaliste : « Quoi, par exemple ? ». Après une hésitation, elle reprend : « ben, il a … euh. ». Elle se tourne alors vers sa voisine, à la mine très dubitative : « Qu’est-ce qu’il a fait dans les handicapés ? Il a fait beaucoup de choses, là … ».
Un militant est avant tout un citoyen. Ceux qui se sont exprimés lors de cette réunion me semblent plutôt être des sujets qui, yeux fermés et cerveau débrayé, souscrivent à tout ce que le monarque décide.