Magazine Beauté

Angélique Noire

Publié le 08 février 2008 par Véronique Bessard

Le susmentionné parfum fait partie de la collection l’Art et la Matière de Guerlain et est conçu autour de l’Angélique. Cette grande ombellifère qui est connue en pâtisserie et liquoristerie (ne confondez pas avec la cigüe svp si vous voulez essayez les recettes) et dont on tire de la racines et des graines, des huiles essentielles aux multiples facettes : amères à vous faire grimacer avec des côtés verts, confits sucrés, réglisse, boisés même. (cliquez sur le lien ci-dessous pour lire la suite)

Pissenlit

S’il fallait décrire AN de manière impressioniste, je dirais que son départ  extrêmement vert provoque la même stupeur que celle d’un baiser volé. On ne s’y attend pas mais on en redemande. Le baiser olfactif continue avec des notes plus chaudes légèrement épicées et qui se déploient doucement sous la fraîcheur de l’herbe, comme des lèvres, qui, en se cherchant, s’enhardissent et s’ouvrent vers la douceur, le velouté vanillé des langues qui se mêlent… (Bon, d’accord, je me calme !).
L’amertume de l'angélique est ici traitée en bijou et sertie par du sucré, du boisé ambré et de la vanille. Le résultat me donne des ailes et me fait saliver. Ce parfum parvient à garder, malgré ses notes douces, jusqu à la fin un rêche étrange, sur lequel le nez bute et revient sans cesse et plonge avec un frisson dans des volutes sombres légèrement amandées, fumées boisées et amères.
Mais c’est son départ vert et crissant qui me plaît le plus, Je me retrouve en un instant en vacances à la montagne où j’avais appris à siffler avec des brins d’herbes à l’odeur verte et coupante comme un rasoir. Tout de suite après ce départ tout en verdeur juvénile AN continue de m’évoquer ces étés au chalet (ça fait très Heidi mais cela n’avait rien à voir) où je gambadais dans les prés. Prés, dont je connaissais, grâce à mon grand-père adoré, le nom de toutes les plantes (j’ai oublié une grande partie de mes connaissances et c’est amusant de penser que la gamine que j’étais en savait plus que la femme d’aujourd’hui).

Je mangeais les pissenlits sauvages et je retrouve miraculeusement leur saveur amère et verte, intacte, incroyablement réaliste, dans ce parfum étonnant. La bergamote et l’Angélique (et peut être du bois de rose) nous donne ensuite un côté bonbon un peu sucraillon mais bientôt on est repris par la morsure de l’amer qui empêche la composition de se banaliser dans des accords doux trop familiers. Le tout fini par s’apaiser dans un gros caramel salé. Madame Andrier m’emmène hors des sentiers battus avec cette Angélique, parfois présentée comme un nouveau Shalimar. Angélique Noire me semble posséder sa propre identité qui se démarque, à mes yeux, suffisamment  de ses contemporains pour devenir un classique.

Cependant ne vous laissez pas trop influencer par mes souvenirs de petites filles, l’angélique n’a de l’ange que le nom, cette matière première que je perçois comme très froide et bleue, presque méchante est étonnamment et magistralement mise en scène ici, dans un parfum qui jongle avec la lumière et l’ombre, à la fois vert, mouillé, mordant, transparent, opaque, sombre, froid, doux, caressant, rêche et je peux continuer comme cela pendant des heures tellement je suis contente de savoir que Guerlain a un avenir. Voir ici chez Poivre Bleu (j’aime beaucoup sa comparaison avec de la cassonade) et chez le Critique de Parfum, d’autres avis sur Angélique Noire.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Véronique Bessard 9 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines