Les salaires au Royaume Uni: entre mérite et injustice

C’est du moins le débat qui anime la société britannique depuis quelques temps. Un débat qui a pris de l’ampleur après la crise, à cause des salaires et bonus des banquiers, jugés mirobolants voire indécents. Ces mêmes banquiers sont, rappelons-le, accusés à tort ou à raison par une bonne partie du contribuable d’être les instigateurs de la crise financière de 2008.

Le débat a été ravivé cette semaine après la publication d’un rapport sur les salaires des patrons par la « High Pay Comission » (HPC), la « commission des gros salaires » en français.

La HPC est un organisme indépendant chargé d’enquêter sur les rémunérations dans le secteur privé. L’objectif de cet organisme est d’étudier les raisons de l’écart des salaires au Royaume-Uni, un écart de plus en plus pointé du doigt comme étant le fruit de la mauvaise gestion gouvernementale, notamment en termes de législation relative aux impôts.

Les résultats de l’enquête parlent d’eux même :

• 0,1% des travailleurs du Royaume-Uni (aux alentours de 47.000 personnes) ont vu leurs revenus augmenter de 64% entre 1997-2008, passant d’une moyenne de £ 328,000 à £ 538,600.
• Les 50% les moins rémunérés ont vu leurs revenus augmenter de seulement 7% pour la même période, passant de £ 16,000 à £ 17,100.

En extrapolant, la Commission affirme que, si ces tendances se maintiennent, en 2020, le 0,1% des travailleurs les mieux rémunérés auront un revenu moyen de £ 901,600, alors que les 50% les moins rémunérés verront leurs revenus augmenter à seulement £ 18,700. Mieux encore (ou pire, c’est selon), en 2025, ces mêmes 0,1% recevront à eux seuls 10% des revenus totaux des travailleurs.

«C’est la preuve la plus évidente que l’écart entre les salaires du public et l’élite corporative s’élargit très rapidement », a déclaré Deborah Hargreaves, présidente de la commission.

Toutefois, ce rapport a été critiqué par les entrepreneurs. D’abord, la commission n’a rien d’officielle, et elle a été établie par un groupe politique de gauche appelé Compass. De deux, leur rapport est tres biaisé dans ses commentaires. De trois, et bizarrement, l’opinion publique accepte que des joueurs ou des chanteurs perçoivent des salaires hors normes, alors que quand il s’agit de spécialistes chevronnés (avocats, banquiers, managers de tout bord, etc.), tout le monde crie au scandale.

S’il y a une chose que ce rapport révèle et qui doit être adressée rapidement, c’est la haine des riches qui anime quelques uns. De l’autre coté, les entreprises qui font des milliards de bénéfices doivent aussi investir davantage dans les localités ou elles s’implantent, afin de partager un tant soit peu la richesse avec tout le monde, et aider à garder une paix sociale devenue fragile en ces temps de crise.