Après une profonde récession, associée à un fort ralentissement de l’activité au niveau mondial, le Mexique connaît une solide reprise, avec une croissance du PIB de 5,5% en 2010 et de 4,5% en 2011. La progression des exportations devrait se ralentir après le rebond exceptionnel de 2010, mais la reprise ne devrait pas s’en ressentir grâce à la remontée de la demande intérieure. Plusieurs indicateurs du marché du travail se sont améliorés, mais le chômage ne recule que lentement. Le Mexique a déjà commencé de retirer les mesures de relance budgétaire de 2009 et accru les impôts pour calmer les inquiétudes des marchés quant à l’évolution des finances publiques. Si la reprise se poursuit comme prévu, les autorités devraient mettre en œuvre dans leur intégralité les mesures qu’elles ont prévues pour réduire le déficit budgétaire en limitant les dépenses. Étant donné que l’inflation a baissé, la politique monétaire peut soutenir la reprise par le maintien des taux à un bas niveau à court terme.
Le Mexique a été en mesure de mettre en œuvre des politiques contracycliques durant la récession, grâce à de larges réformes des paramètres de la politique macroéconomique. Cependant, il devrait continuer de renforcer son cadre d’action pour pouvoir mieux résister aux chocs. Une modification de la règle budgétaire destinée à accumuler davantage d’actifs financiers durant les périodes où les prix du pétrole et la croissance économique sont à un niveau élevé donnerait aux pouvoirs publics davantage de marge de manœuvre pour soutenir l’économie lorsqu’elle doit faire face à des chocs importants. Des mesures propres à réduire la viscosité des prix imputable aux tarifs administrés et à des marchés non concurrentiels laisseraient plus de latitude aux autorités monétaires et, surtout, contribueraient à une meilleure allocation des ressources. L’amélioration de la concurrence et la diminution des obstacles à l’entrée sur le marché favoriseraient aussi le développement et une plus grande stabilité des services tournés vers le consommateur, atténuant les effets des chocs.
Le Mexique doit maintenir des investissements propres à doper la croissance et des politiques sociales destinées à rattraper le niveau de vie moyen des pays de l’OCDE et à réduire la pauvreté. En conséquence, les efforts soutenus menés ces dernières années pour doper les recettes fiscales devraient être poursuivis, notamment ceux visant à accroître l’efficacité du régime fiscal et à réduire sa dépendance à l’égard des recettes pétrolières. A seulement 20%, le ratio des recettes fiscales au PIB est faible par rapport aux niveaux observés dans les autres pays et plus d’un tiers de ces recettes dépendent du pétrole. Il faudrait redoubler d’efforts pour supprimer les dépenses fiscales inefficaces, de façon à élargir la base d’imposition, augmenter les recettes et simplifier le régime fiscal, réduisant ainsi les possibilités d’évasion et de fraude. Le Mexique est en train d’accroître les prix des combustibles fossiles, mais cette hausse devrait être accélérée afin d’éliminer les subventions et leurs effets négatifs sur l’environnement. Une aide monétaire ciblée serait plus efficace pour protéger les pauvre.
Le secteur informel, important par rapport à la situation observée généralement dans les pays de l’OCDE, pèse sur la croissance de la productivité. Les entreprises de ce secteur n’ont accès ni au crédit, ni à la formation, ni à la protection juridique –– de sorte qu’elles n’innovent pas et restent de petite taille. Une amélioration du système d’éducation ainsi qu’un renforcement des réglementations et des incitations en faveur de l’entrée dans l’économie formelle sont des réformes indispensables, tout comme une mise en œuvre plus stricte de la législation sur le travail et de la législation fiscale. Les autorités devraient poursuivre leurs efforts pour réduire les coûts de la création et de l’exploitation d’une entreprise et de l’emploi de travailleurs sur le marché formel. Elles devraient accroître la valeur du programme obligatoire de sécurité sociale pour les bas salaires, tout en limitant ses coûts grâce à une amélioration de son efficacité.
La faiblesse de la concurrence dans nombre de secteurs et les déficiences de la formation ont aussi exercé un effet de freinage sur la productivité. L’OCDE a coopéré avec le Mexique dans tous ces domaines pour élaborer un programme de réforme. La réforme récemment adoptée du droit de la concurrence est un pas important vers la réduction du pouvoir de marché des entreprises en place dans tous les secteurs, car elle renforcera aussi beaucoup la mise en œuvre de la loi sur les ententes. La qualité de l’enseignement pourrait être améliorée grâce à des règles plus strictes en matière de performance, une meilleure formation des enseignants et un plus grand professionnalisme dans le recrutement et la gestion des établissements scolaires