Le glas sonne pour les biberons en plastique. Hier – 7 février 2008 – un regroupement d’organisations environnementales américaines publiait un rapport qui montre très clairement qu’une substance toxique – le bisphénol-A – libérée par le plastique, contamine le lait et pollue les bébés.
Le problème du bisphénol-A, c’est qu’il imite les œstrogènes, les hormones sexuelles féminines. Il est donc capable de perturber le système hormonal du corps humain. Une propriété qu’il a en commun avec plusieurs centaines de polluants présents dans les produits de consommation courante et appelés perturbateurs endocriniens. Sur les rats et souris de laboratoire, le bisphénol-A provoque un grand nombre d’effets très déplaisants : tumeurs des glandes mammaires, cancers de la prostate, puberté précoce, fausses couches, anomalies des spermatozoïdes, diabète de type 2, altérations du système immunitaire, troubles du comportement, aberrations chromosomiques. Tout un programme qu’on préférerait épargner à ses enfants.
Les industriels du plastique soutiennent que les doses de bisphénol-A auxquelles sont exposées la population sont insuffisantes pour provoquer un quelconque effet nocif. Selon eux, la dangerosité potentielle du bisphénol-A serait un “mythe“. Pourtant, plus de 150 études scientifiques montrent des effets nocifs à de très faibles doses. Et même, à des doses inférieures à celles trouvées dans les biberons ou dans les urines de la population. Antonia Calafat, chercheuse aux Centers for Disease Control and Prevention américains, a dirigé la dernière étude sur l’exposition de la population au bisphénol-A, publiée le mois dernier dans la revue Environmental health perspectives. Son équipe a testé 2.517 personnes aux États-Unis. 92,6% d’entre elles avaient du bisphénol-A dans les urines. Ce sont les enfants et les femmes qui présentaient les plus fortes concentrations.
Le bisphénol-A sert à fabriquer une foultitude d’objets. On en trouve dans les amalgames dentaires, les CD, les bouteilles d’eau ou encore dans les récipients en plastique pour la conservation des aliments et le réchauffage au micro-ondes. Il sert aussi dans les résines époxy, ces vernis qui recouvrent l’intérieur des canettes de boisson et des boîtes de conserve, notamment pour le lait infantile en poudre.
Si certaines des marques de biberons testés dans ce rapport ne sont vendues qu’aux États-Unis, ce n’est pas le cas d’Avent, marque très populaire chez les jeunes parents français. Et, quoi qu’il en soit, les biberons sont généralement fait de plastique polycarbonate, qui contient du bisphénol-A : 95% d’entre eux selon la coalition environnementale auteur du rapport. Formé pour l’occasion, le Work group for safe markets réunit 15 associations environnementales sans but lucratif, parmi lesquelles le Center for Health, Environment and Justice ou encore le Breast Cancer fund. La coalition réclame des mesures immédiates et demande aux fabricants d’utiliser des plastiques plus sûrs pour les biberons.
Ce n’est pas la première fois que les biberons sont mis en cause. Il y a tout juste un an, l’organisation américaine Environment California publiait le rapport Biberons toxiques qui parvenait aux mêmes conclusions. Relayée par les médias, l’information avait provoqué un scandale dans tout le pays. Une class-action avait été initiée contre les cinq principaux fabricants de biberons américains : Avent, Dr Brown’s, Evenflo, Gerber et Playtex. Une ruée des parents sur les biberons en verre avait mené à une rupture de stock dans tout l’État de Californie.
*Soit : sur un million de particules dans un volume donné, entre 4,7 et 8,3 sont des particules de bisphénol-A. Sources : Calafat AM et al. Exposure of the U.S. population to bisphenol A and 4-tertiary-octylphenol : 2003-2004. Center for Health, Environment and Justice. Stiffler L. Health risk from popular plastic baby bottles, Seattle Post-Intelligencer (7.02.2008).
Quelques conseils pratiques :
– Préférer les biberons en verre ou les biberons en polyéthylène ou polypropylène (Chiffres 1 et 2 dans le symbole des triangles de recyclage). Le polycarbonate, qui contient du bisphénol-A, est identifié par le chiffre 7.
– Ne pas réchauffer de la nourriture ou des boissons dans des récipients en plastique, en partiuclier au micro-ondes.
– Éviter les conserves et les canettes.
– Plus le plastique est usé et abîmé, plus il libère de bisphénol-A. Se débarasser de son vieux polycarbonate.
Pour en savoir plus
Comme toujours, peu d’informations sont disponibles en français sur le bisphénol-A. Le 6e chapitre de La grande invasion – Le plastique, c’est pas fantastique – est entièrement consacré à la question du bisphénol-A. Le dernier chapitre du livre parle plus spécifiquement du problème des biberons.