J'ai vécu à l'intérieur du monstre et je connais ses entrailles ; et ma fronde est celle de David
Jose Martí est l'un des pères de la culture révolutionnaire cubaine et son poète le plus célébré. Lors de mon premier séjour à la Havane, je trouve pour 5¢ un gros bouquin de lui intitulé Obras Completas. Je n'en crois pas ma chance et je saute sur le volume. La dame tente de m'expliquer quelque chose, mais comme je ne comprends pas encore très bien l'espagnol, je fais « si, si, si, » et elle finit par me foutre la paix. C'est rendu à mon hôtel que je réalise que mon achat ne constitue que le volume 65 de ses œuvres complètes. Puta madre.
Lorsqu'ensuite je demande à des musiciens rencontrés dans la rue de m'expliquer les paroles de Guantanamera, on m'apprend que les chanteurs cubains dignes de ce nom empruntent leurs strophes préférées à Jose Martí et les insèrent dans l'ordre qui leur plaît. Voici tout de même ma traduction du premier couplet qu'on entend le plus fréquemment :
Je suis un honnête homme
Du pays où poussent les palmiers
Et avant de mourir je voudrais
Mon âme de ces rimes épancher
Compay Segundo - Guantanamera
La chanson Guantanamera a eu un destin insolite. C'est un chanteur obscur de la Havane, Joseito Fernandez qui écrit l'air et le texte du refrain, qui veut essentiellement dire « fille de Guantánamo, paysanne ». Il devient célèbre grâce à cette ritournelle, qu'il chante quotidiennement à la télé pendant vingt ans. Puis, le chanteur folklorique socialiste Pete Seeger gicle les couplets pour les remplacer par des quatrains de José Martí. Voilà, le hit mondial est né.
Guantanamera
Guajira Guantanamera
Yo soy un hombre sincero
de donde crece la palma
y antes de morirme quiero
echar mis versos del alma
Yo vengo de todas partes
y hacia todas partes voy,
arte soy entre las artes
y en los montes,monte soy
No me pongan en lo oscuro
a Morir como un traïdor
yo soy bueno y como bueno
moriré de cara al sol
Tiene et leopardo su abrigo
en el monte seco Y pardo
yo tengo mas que un leopardo
porque tengo un buen amigo© Éric McComber