Etonnante accusation. Des confrères m’ont confié être allés voir Tristane Banon après cette désormais fameuse émission de Thierry Ardisson dans laquelle elle relatait une “altercation à caractère sexuel” avec DSK. Problème : il n’y avait pas de plainte, des incohérences dans le récit, et une impossibilité totale de recoupement. La victime elle-même ne voulant pas forcément voir l’affaire étalée dans les colonnes des journaux. Pas de quoi publier une enquête. Ou alors on se serait vu reprocher un travail peu fouillé.
Autre source la note de blog du journaliste de Libération, Jean Quatremer, publiée en 2007. Lisible ici, le papier est le premier et le seul à employer le mot “harcèlement”. C’est un portrait de DSK au moment de sa nomination de DSK au FMI. “Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France). Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo-saxonnes. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c’est la curée médiatique. Après Jacques Attali et ses goûts somptuaires qui lui ont coûté la présidence de la BERD, la France ne peut pas se permettre un nouveau scandale”, écrit alors Jean Quatremer.
Voilà le matériel dont disposait la profession pour commencer des enquêtes. Il semble que nombreux sont ceux qui se sont penchés sur la question sans trouver de preuves tangibles, et recoupables. Fallait-il alors publier quelque chose ? La question mérite d’être posée. Ma réponse est non. Loin des faits et avec des supputations, les journalistes s’éloignent de leur travail et de leur mission première. Autre question : ces articles suffisent-ils à dire que tout le monde savait ? Cela semble un peu court. On peut parler d’indices, pas de preuves. Quant aux moeurs libertines de DSK qui étaient, elles connues et parfois écrites, doivent-elles vraiment faire partie du débat public ?