Auteur prolifique, François Barcelo est le premier écrivain québécois publié chez Gallimard dans la collection « série noire », pour son livre Cadavres, en 1998. Il écrit autant des histoires pour les petits, que des textes sanglants pour les adultes, tel que le même Cadavres, qui a été adapté au cinéma, en 2009, par Érik Canuel.Avant d'être un auteur à temps plein, il a exercé la profession de rédacteur publicitaire, ce qui lui probablement permis de cultiver sa verve et son humour que l'on reconnaît fréquemment dans ses textes.Alors que je collaborais un peu à la revue Biscuit Chinois, dans ses glorieuses années, nous avions eu la chance de recevoir un texte de cet auteur, pour le thème « roulottes ». Vous pouvez lire Pas si petite sur le site Érudit (.Pdf).Avec J'haïs le hockey (et non pas Je hais le hockey, cela a toute son importance !), François Barcelo signe une très courte histoire dramatique. Avec un tel titre, on pourrait se penser dans un pamphlet très caustique au sujet du sport national du Québec, qui hante les chaumières tous les deux ou trois soirs, six mois par année, et tient le rôle de véritable religion pour tout un peuple. Mais il n'en est rien. Le titre ne sert que de prétexte pour raconter l'histoire d'un homme et de son fils. Antoine Vachon vient de se séparer et de perdre son emploi de vendeur d'automobiles. Il doit remplacer illico l'entraîneur de hockey (qui a été assassiné) de son fils Jonathan, 14 ans. Mais voilà, Antoine déteste le hockey et en plus, il n'y connaît rien. Par contre, l'assassinat de l'entraîneur et les histoires sordides qu'Antoine s'invente par rapport à cet homme qu'il ne connaît pas le motiveront à se rapprocher de son fils.
Si la naïveté du personnage est un peu lourde et agaçante, l'histoire cependant garde un intérêt tout du long. Il n'y a pas vraiment de temps mort, et le style tranchant nous fait passer d'une situation cocasse à une autre. Les passages où l'auteur nous parle de sa haine du hockey sont les plus drôles :
« Nom et logo archinuls, si vous voulez mon avis. Mais au moins ils ont un nom. Alors que les miens n'ont qu'une lettre à l'avant de leur chandail : Z. Pour Zénith, Zigotos, Zéphyrs ? J'ai peine à croire qu'on ait pu baptiser mon équipe les Zéphyrs de Saint-Zéphyrin. C'est encore plus nul que les Huards de Morinville. » (p.21)Au final, plusieurs questions restent sans réponse dans ce roman, notamment sur le fait que l'équipe de hockey gagne tous ses matches sans grands efforts ni conviction, mais peu importe, le propos porte plus sur le côté sombre de l'adolescence, ou les difficultés pour un père de faire sa place auprès de son jeune fils. L'auteur opte pour un style tragi-comique. On ne sait jamais de quel côté va chavirer le roman, jusqu'à la toute fin...
Un extrait audio
[Lætitia Le Clech]
Humeur musicale : Philippe B, Variations fantômes (Bonsound, 2011)