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Et si le principal bénéficiaire de l'affaire DSK était le PS ?

Publié le 18 mai 2011 par Leunamme

Pour l'instant, nous sommes toujours dans la stupéfaction et l'émotion. Nous sommes encore dans le temps médiatique, ce court terme qui aveugle et déforme les perceptions. Au moment où j'écris, ce qui ressort de tout cela, c'est que le PS serait décapité, sens dessus dessous, incapable de se relever. Il n'en est évidemment rien, dans les jours qui viennent, ce parti va se relever (il a d'ailleurs déjà commencé), et personne ne doute que dans un an il aura bien un candidat pour la présidentielle. Mieux, je considère même que dans cette perspective ce qui arrive aujourd'hui au premier parti de gauche est une chance plus qu'un handicap, du moins sur le long terme.

De fait, qui avait consacré DSK comme le favori de l'élection ? Les sondages, encore et toujours les sondages, relayés par les médias comme il se doit. Depuis des mois, ces derniers s'évertuaient, à coup d'enquêtes sondagières contestables, à nous faire rentrer dans le crâne, que Dominique Strauss-Kahn allait gagner la présidentielle. Une fois de plus la bête sans mémoire allait frapper, la même qui avait fait roi Michel Rocard en 1980, encensé Balladur un an avant l'élection, et intronisé Ségolène Royal dès 2006. On sait ce qu'il est advenu pour chacun d'entre eux.

Bien que champion des sondages, je considère que DSK était le plus mauvais candidat pour le PS, une quasi assurance de perdre une fois de plus. Et je ne tire pas sur une ambulance en disant cela, puisque je l'ai déjà écrit maintes et maintes fois sur ce blog.

Après cinq années de sarkozysme, en 2012, la première volonté des Français serait de tourner la page avec une certaine façon de faire de la politique.

- Ils veulent en finir avec une présidence de l'argent-roi, du bling-bling : le récent épisode de la Porsche est venu rappeler que DSK appartenait à ce monde-là.

- Les Français veulent plus de protectionnisme, une mondialisation contrôlée : le directeur du FMI, celui qui impose des politiques bugètaires drastiques à la Grèce ou au Portugal ne peut incarner ces choix.

- Après une présidence marquée par les scandales en tous genres, les Français aspirent à retrouver un comportement éthique chez leurs dirigeants : en dehors des scandales sexuels, de la cassette Méry à l'affairede la MNEF, DSK traîne déjà son lot de casseroles, une odeur sulfureuse qui n'aurait pu que lui nuire.

Il est évident que dès lors qu'il se serait déclaré candidat, tout cela aurait été utilisé contre lui, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, DSK aurait été la cible permanente d'attaques, et nul doute que son petit matelas sondagier se serait effondré en quelques semaines.

A cela, je rajoute deux raisons qui font que pour moi il n'était pas le bon candidat. Le première, et c'est ce qu'indiquait tous les sondages, DSK était d'abord le candidat du centre droit, puisqu'il récupérait une grande partie de cet électorat. On voit mal comment la gauche du PS aurait pu le rallier dans un hypothétique second tour ? A titre personnel, je ne l'aurais pas fait.

La seconde, est que le PS s'est déjà doté d'un programme. On en pense ce que l'on veut, mais il a le mérite d'exister, d'être crédible et d'apporter quelques réponses. Or, sur certains points, comme les retraites, et sur ce que l'on peut voir de son action au FMI, DSK était en totale contradiction avec le programme de son parti. Si mes souvenirs sont bons, c'est bien l'opposition entre la candidate et le PS qui avait fait perdre Ségolène Royal. L'histoire était partie pour se répéter.

A l'heure qu'il est, il apparaît qu'au PS il y a essentiellement deux personnalités qui se dégagent : Martine Aubry et François Hollande semblent être les mieux placés pour tirer les marrons du feu. L'un comme l'autre ont une image de sérieux qui tranche avec le bling-bling. Aucun des deux ne traîne de casserole susceptible de lui parasiter sa campagne. L'élue du nord défendra sans arrière-pensées le programme socialiste qui est un peu son bébé, et l'élu de Corréze a aussi annoncé qu'il s'appuierait sur ce programme, même s'il se réserve le droit d'en changer les priorités. Enfin, et ce n'est pas négligeable, même s'il y a au fond peu de différences idéologiques entre eux et DSK, ils ont une image plus à gauche, plus consensuelle, qui rend plus aisée le rassemblement pour le second tour.

Avec la chute de DSK, le PS est certes actuellement dans la tourmente, mais il se retrouve dans l'obligation de se choisir un candidat plus en phase avec ses valeurs et avec les aspirations profondes des Français. Dans 6 mois, quand la bataille électorale sera lancée, cela pourait lui être bénéfique.

 Sur le sujet :

La gauche alternative de Cholet/ est révoltée après l'affaire DSK.

Jacques/ appelle la droite à un peu de retenue dans les commentaires.

 humeurs-en-billets/ ressent un malaise face au traitement médiatique fait à DSK.

DSK ou la grossesse de Carla Bruni, c'est vu avec humour par tropicalboy/

Pour jef/ c'est Sarkozy qui a choisi Hollande comme candidat. 


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