Jusqu'à hier, c'est la ritournelle dont on aurait juré qu'ils étaient prêts à nous abreuver jusqu'à plus soif.
Eh oui, cette histoire est incroyable, ce ne peut être que le fait d'obscures forces maléfiques tapies dans l'ombre.
J'ai jamais autant entendu parler de la présomption d'innocence en trois jours. Avant, ça ne les effleurait pas plus que ça cette notion de la justice. Non. On peut pas dire que c'était un de leurs chevaux de bataille, ah ça non. Je ne parle pas d'un ancien ministre de l'intérieur qui déclarait devant les caméras que "l'assassin du préfet Érignac a été arrêté", non non, lui il est hors concours, il patine dans une autre catégorie, c'est le Candéloro du programme libre, le Zidane du hors-piste.
Disons qu'en trois jours, le directeur du FMI a tellement été présumé innocent sur nos chaînes de télé que les présumés journalistes (c'est vrai, n'allons pas trop vite en besogne concernant leurs compétences) et leurs copains politiques ont fini par échafauder une thèse pour expliquer à quel point tout ça est grotesque (on allait le dire).
Ce serait un complot, une machination.
Diabolique.
Je ne veux pas discuter pour envisager des pistes, je m'en fous, je fais simplement le constat qu'aujourd'hui on nous parle de complot. Et devinez qui nous disait, il y a peu, qui déplorait, à longueur d'antenne, en se lamentant ma bonne dame, que le moindre évènement médiatique donnait lieu, maintenant et tout de suite, à l'émergence de théories complotistes, chez la mégère de moins de cinquante ans, sur internet, les anonymes, la fange comme dit Elkabbach, les corbeaux comme dit un autre. Eh ben c'est les mêmes. A les entendre, le complot c'était l'apanage du beauf caché derrière son écran, jusque là.
Ça ne l'est plus depuis trois jours, c'est quasiment officiel.
La théorie du complot a gagné ses lettres de noblesse à la vitesse de la lumière. Soit le beauf n'est plus à l'heure où je vous parle et c'est une bonne nouvelle, soit la clique politico-médiatique s'est beaufisée à la même vitesse, peut-être même un peu plus vite, Einstein aurait pu nous dire, il est jamais là quand on a besoin de lui celui-là.
Mais a priori, on a quand même échappé au pire.
Complot contre DSK. Complot contre le FMI. Complot contre la France. D'accord ça c'est fait.
Mais jusqu'ici, on a quand même échappé au complot antisémite.
Je sais pas pourquoi, je sens qu'on y a échappé de peu. Que ça devait les démanger, de sortir l'arme nucléaire.
Je finis juste en ayant encore en tête la phrase de l'ineffable Djac Langue lundi soir, qui pour résumer la situation, nous servit un magnifique:
"-Y a pas mort d'homme!", concernant les actes présumés.
Ah bon, c'était rien!
On nous dit jamais rien aussi!