Au cinéma comme ailleurs, j'aime les fous, les atypiques, ceux qui mettent l'industrie en péril et la tête de leur public à l'envers. Je suis tombé sur Terrence Malick il n'y a pas si longtemps : bouche bée à l'écoute des voix off, le ton des voix off, soutenues par des lumières - des lumières plus que des images.
The Tree of Life à Cannes : critiques gênées aux entournures. Peur d'assister au syndrome Wenders, quand Wim, passant de l'ombre du chercheur d'or à la lumière du succès commercial, enfonça son oeuvre dans un magma amphigourique filmé comme un clip vidéo.
Rien de tel ici. Une thématique ambitieuse mais maîtrisée : le duel entre la nature, violente et impériale, et la grâce, désintéressée, transcendantale. Un peu manichéen, avec recours à Dieu. A l'américaine, en somme. Mais l'ordinaire d'une famille banale dans son petit lotissement texan, filmé au rythme de la conscience et du destin en train de déployer ses pièges. Mais ces visages que la douleur, que le doute viennent approfondir. Il y a de l'Antonioni dans la dernière séquence ; ce pourrait aussi être une pub pour un parfum. Pourquoi arbitrer. Malick propose au spectateur d'entrer dans une expérience. La vie est une expérience. Le cinéma, le vrai, ne sert pas à autre chose. Il n'est pas une machine à rêves : il propose un dehors à éprouver.
Bande-annonce : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=132244.html