Poezibao publie aujourd’hui deux notes de lecture du livre de Jean-Louis Giovannoni, Envisager. Celle de Joël Kérouanton et celle de Ludovic Degroote
Les multitudes du Giovannoni
par Joël Kérouanton
Envisager sous les visages des autres et laisser les voix de la multitude monter. Des voix qui s’échappent du visage de cette femme peinte par Gilbert Pastor. Un visage flou, presque masqué, implicite. Qui provoque tout un jeu de figures exhumées, oubliées, envisagées. Que l’auteur met en scène. Une mise en scène de voix, chorégraphiées dans la page. Qui permet d’envisager un livre.
Le Giovannoni ne cite pas le tableau, n’en fait pas un commentaire, ne nous tient pas de discours sur ce qu'est un visage (Peux. / Ne peux pas./ Garder. /Garder visage./ Du soir au matin./ Même./ Identiques). Il va aller chercher la jeune fille comme si elle était absorbée. Multiplieras les corps pour voir émerger cette figure qu’il ne peut voir. N’ira pas vers une belle totalité.
Sa langue se débobine, il y a un texte pour l'œil, un texte pour les oreilles. La vue, le visage, tout ça travaille du chapeau, à tel point que ce livre est un ratage : partant du visage flouté peint par Gilbert Pastor, le poète ne peut y aller frontal, il le dit dans la 4e de couverture, on ne peut pas faire face à une peinture. Désolé, mais on n’y est jamais : on reste sur des seuils. Il faudra se faire une raison, le Giovannoni ne traduira pas les peintures de son ami Pastor — les peintures reproduites dans Envisager sont pour la plupart issues de sa collection personnelle.
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[Joël Kérouanton ]
Jean-Louis Giovannoni
Envisager
sous les portraits de Gilbert Pastor,
éd. Lettres vives, coll. Terre de poésie, mars 2011, Paris.