Scénaristes : Charles Berberian & Philippe Dupuy
Dessinateurs : Charles Berberian & Philippe Dupuy
Parution : Juin 2005
Mon avis d’aujourd’hui concerne le septième album de la série « Monsieur Jean ». Cet album de presque cinquante pages est édité chez Dupuis et vendu au prix de 10,40 euros. Il est à l’œuvre, comme toute la série, de Dupuy et Berbérian. « Monsieur Jean » est une saga construite autour d’un personnage prénommé Jean. Auteur à succès, trentenaire célibataire au début, il nous fait découvrir son univers et son quotidien tout au long des différents opus. Le dernier, intitulé « Un certain équilibre », est donc le thème de mon avis.
Loin de l’éternel célibataire qu’il était lorsque le lecteur l’a rencontré, Jean est installé avec Cathy et père d’une ravissante petite fille prénommée Julie. Leur angoisse du moment est de trouver une nounou à leur petite princesse. De son côté, Félix, le meilleur ami de Jean voit sa conjointe le quitter, fatiguée de supporter un homme qui refuse de grandir. Parallèlement, on découvre une amie de Cathy désespérée d’être seule. Bref, comme toujours dans la série, la galerie de personnages est dense pour notre plus grand bonheur…
« Monsieur Jean » est une de mes séries de bandes dessinées préférées. Pourtant, elle ne fait, finalement, que nous conter le quotidien. Mais elle le fait bien. Je trouve qu’il est particulièrement difficile de toucher un lecteur en naviguant dans la vraie vie. Il est plus difficile de le convaincre car il connaît les règles qui régissent cette réalité. De plus, il faut arriver à le passionner avec des scènes qu’il doit vivre tous les jours. Et « Monsieur Jean » y arrive parfaitement. Cet album est construit un petit peu différemment. Il est découpé en anecdotes d’une page. J’ai un petit peu appréhendé au départ car tout changement est angoissant. Mais les premières pages m’ont rassuré.
Une nouvelle fois, on retrouve la justesse de la narration. Les personnages sont tous attachants malgré leurs défauts et leurs excès. On a l’impression de les connaître, de faire partie de leur vie et réciproquement. On s’identifie à certains, on se prend d’affection pour beaucoup. Sans tomber dans la caricature, les auteurs arrivent à nous toucher dans chaque page en nous présentant des tranches de vie. Il est évident qu’une partie de la réussite de ce type de série réside dans le parallèle que peut faire le lecteur entre sa propre vie et celle de Jean. L’interaction est subtile et très réussie.
Les auteurs ont un style remarquable dans l’écriture. Je trouve les dialogues et les scènes pleines de finesse. Plein de choses passent dans la lecture sans pour autant se voir appuyées lourdement par les scénaristes. Tout est dans les non-dits, les sous-entendus. C’est assez remarquable. De plus, le grand nombre de protagoniste fait que la trame est dense. On est perpétuellement sollicité par les sentiments des uns ou des autres, les aventures d’untel… Aucun personnage n’est bâclé. Chacun nous touche, aucun ne nous laisse indifférent. Fonctionnant chacun sur des cordes différentes, ils nous permettent d’avoir une lecture dense et agréable. Je suis également un grand fan des dessins. Le style est unique, reconnaissable entre mille. Relativement simple et doux, il permet une immersion immédiate dans l’univers des auteurs. Même si cela s’avère moins poussé dans cet opus que dans les précédents, les couleurs participent activement à l’atmosphère générale.
En conclusion, vous l’aurez compris, cet album m’a conquis. Je le trouve dans la lignée des six précédents. Sa structure « une histoire – une page » donne un rythme légèrement différent. En effet, le côté rêveur et poétique du personnage de Jean est moins mis en avant. Cela ne m’a pas empêché de passer un moment très agréable à le découvrir. Pour ceux qui ne connaissent pas la série et qui voudraient s’y plonger, je vous conseille de lire les tomes dans l’ordre chronologique. De cette manière, on suit l’évolution des personnages qui est une part indéniable du plaisir procuré par la série. De plus, ce sont des albums qui peuvent se lire et se relire sans se lasser, ce qui n’est pas dénué d’intérêt. Il m’arrive très régulièrement de m’y replonger pour prendre des nouvelles de ce cher monsieur Jean…
par Eric the Tiger
Note : 17/20