64.584
Ce n’est pas un code d’accès et encore moins un numéro fétiche. Pour la première fois de notre Histoire, au 1er mai 2011 la France compte donc 64.584 personnes détenues dans ses prisons.
Selon le détail fourni par l’Administration Pénitentiaire et repris par le journal Le Monde dans son édition du 17 mai, ce chiffre représente une hausse de 4,8 % par rapport à mai 2010 (61 604) et une augmentation de 0,7 % par rapport au 1er avril 2011 (64 148). Le nombre de détenus a augmenté de 6,7 % depuis le 1er janvier 2011 (60 544).
Le nombre de prévenus (en détention provisoire, en attente d'un jugement) s'élève à 16 882 pour 47 702 condamnés, représentant donc 26,1 % des personnes incarcérées. Au 1er mai 2010, il y en avait 15 963. Les mineurs détenus étaient quant à eux 792 au 1er mai 2011, chiffre en baisse de 1,5 % par rapport au mois précédent (804 au 1er avril). Au 1er janvier, ils étaient 688.
En juillet 2008, le taux de surpopulation carcérale était de plus de 126 %. Il est actuellement de 115 %, le parc pénitentiaire comptant 56 150 "places opérationnelles", du fait de l'ouverture de nouveaux établissements entre 2008 et 2010. Le ministre de la justice, Michel Mercier, a précisé début mai les modalités d'un plan prévoyant la construction de nouvelles prisons et la rénovation d'autres, visant à obtenir plus de 70 000 places en 2018.
A la publication de ces chiffres, les syndicats pénitenciers ont tenu à souligner l’aggravation de la situation générale de nos prisons, la multiplication des tensions et des incidents portant atteinte à leurs conditions de travail, et leurs regrets de ne pas constater d’efforts visant à préférer des solutions alternatives à l’incarcération.
L’Observatoire International des Prisons avait quant à lui dénoncé le zèle d’excès de condamnations en Ile-de-France et dans les prisons de l’ouest de la France où l’affaire Laëtitia à Pornic n’avait pas manqué de faire la une des medias.
Par ailleurs, si la France continue à remplir ses prisons en toute sérénité et de lancer un vaste chantier de nouvelles constructions, elle ne semble pas pressée de rendre ces mêmes établissements conformes en termes de salubrité et de respect de la dignité de celles et ceux qu’elle « loge ». Elle vient d’être condamnée à Caen pour ce motif, et se voit contrainte de verser des dommages et intérêts à d’anciens détenus qui l’avaient attaqué devant la Justice.
A la Santé, célèbre prison de Paris, un détenu anonyme a publié il y a quelques semaines une lettre relatant ses conditions de détention sous le titre évocateur de « Comme un chien enragé ».
Depuis le 1er janvier 2011, 33 détenus ont mis fin à leurs jours dans les prisons françaises.
A la manière d’Honoré de Balzac : « C'est surtout en prison qu'on croit à ce qu'on espère ! »