Le candidat Sarkozy espère bien redresser sa côte.
Fausse distance...
Dominique Strauss-Kahn a été incarcéré à la prison de Rikers Island. Le Français paye certainement l'attitude française dans l'affaire Polanski. La demande de caution a été rejetée. A Paris, quatre députés de la Droite Populaire, animé par l'ineffable Christian Vanneste, ont publié un communiqué dénonçant la « solidarité de caste » de certains socialistes.
Nicolas Sarkozy, lui, joue officiellement la prudence et la retenue. Charles Jaigu du Figaro rapportait mardi matin que le monarque s'était montré, « en privé », «affligé» et «peiné pour l'homme et sa famille». On fait aussi savoir qu'il n'aurait pas apprécié non plus que Nathalie Kosciusko-Morizet et Chantal Jouanno sortent de la réserve demandée à ses ministres et dirigeants de l'UMP sur cette affaire.
Notre Monarque, réputé coureur mais discret, sera à nouveau papa pour les vacances de Noël. Pal Sarkozy, son père, a confirmé la grossesse de Carla Bruni-Sarkozy au quotidien allemand Bild mardi 17 mai. Il a ensuite démenti avoir fait cette révélation, mais reconfirmé la grossesse. Ce secret de polichinelle provoque des gaffes en cascades. Mais, comme le confie un ministre, « un enfant, c'est + 5 points dans les sondages ». De l'affaire DSK à la grossesse de Carla, il n'y a qu'un pas médiatique, aisé à franchir. Le timing est parfait.
Instrumentalisation
Dans les faits, il apparaît assez clairement que Nicolas Sarkozy tente de se refaire une virginité politique.
Mardi matin, le Monarque recevait la direction de l'UMP au Château: « Nous devons montrer sang-froid, courage, unité, dignité et responsabilité dans les commentaires ». Il ajoutait : « nous devons être un roc de solidité et je ne le pense pas que depuis ce weekend.» Il s'agit de capitaliser sur la déstabilisation évidente du Parti socialiste depuis dimanche matin. François Fillon a été moins prudent : « si les faits reprochés à Dominique Strauss-Kahn étaient avérés, nous serions en présence d'un acte très grave qui n'appelle aucune excuse », a-t-il expliqué aux députés UMP, mardi matin, lors de la traditionnelle réunion du camp présidentiel.
Enfin, on nous apprend, par Figaro interposé, que Nicolas Sarkozy avait prévenu Dominique Strauss-Kahn de maîtriser ses pulsions. « Je l'avais mis en garde! ». Charles Jaigu, du Figaro, rapporte ces propos privés qu'aurait tenu notre monarque « devant différents interlocuteurs dimanche et lundi.» Pourtant, on se souvient d'un tout autre échange, entre DSK et Sarkozy, en septembre 2009. Le directeur général du FMI s'était énervé des ragots sur sa vie privée que colporteraient certains sbires du Monarque : « J'en ai plus qu'assez des ragots répétés sur ma vie privée et sur les prétendus dossiers et photos qui pourraient sortir contre moi. Je sais que tout ça part de l'Élysée. Alors, dis à tes gars d'arrêter ou sinon je saisirai la justice.»
Capitalisation
Last but not least, le camp sarkozyen entend bien capitaliser sur l'affaire DSK. Ainsi, Sarkozy a donné quelques leçons aux socialistes. Il s'agit de montrer qu'à droite, on attaque pas un homme à terre. L'un de ses proches a même voulu faire un parallèle avec l'affaire Woerth, lundi matin : «Les socialistes ont souvent attaqué des hommes de droite mis en difficulté. Nous préférons nous taire et avoir la conscience tranquille.» Un autre, tout aussi anonyme, ajoutait le lendemain : « Notre communication sur cette histoire DSK doit être inversement proportionnelle au déferlement médiatique que les faits suscitent par eux-mêmes. On ne va pas souffler sur les braises.»
Contre le parti socialiste, l'instrumentalisation de l'affaire DSK porte sur deux axes : primo, le clan sarkozyen va attaquer le PS sur le terrain de la morale. Le PS, à travers DSK, aurait perdu la bataille de la morale.
Secundo, un sarkozyste, anonyme mais du premier cercle, confia aussi que l'UMP entendait bien utiliser l'affaire DSK pour ruiner la candidature Hollande. DSK avait une légitimité internationale. Quelques proches du chef de l'Etat espèrent bien que François Hollande sera rapidement décrédibilisé sur ce terrain. Il y aurait pourtant fort à dire sur la politique étrangère de Nicolas Sarkozy. Le monarque français peut bien multiplier les rendez-vous internationaux, sa diplomatie semble dans l'impasse : à Copenhague en décembre 2009, il a échoué. En août 2008 face à l'invasion russe de la Géorgie, il s'est agité puis couché. Face à la Chine ou la Russie, il a multiplié les courbettes. En Afrique, les sales réseaux et mauvaises relations avec tous les potentats locaux ont été confortés. Sarkozy a loupé le printemps arabe, un ratage qu'il a tenté de faire oublié par l'attaque contre la Libye de Kadhafi. Et traîne encore cette sombre affaire du Karachigate, vestige du passé que les proches du Monarque tentent d'étouffer par tous les moyens.
Ce mercredi, à Cannes, le film « La Conquête » de Xavier Durringer, qui relate l'accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy entre 2005 et 2007, est projeté dans le cadre du festival éponyme.
Ou comment un homme perd sa femme pour gagner la France. Tout un programme.