Gaëlle Goutain
Une fois par mois, Expat Forever vous propose de rencontrer une femme expatriée, un expat entrepreneur ou parfois les deux en même temps afin de mieux comprendre et d’appréhender la vie au quotidien en expatriation. Ce mois-ci, pour changer un peu j'ai rencontré Gaëlle Goutain, expatriée en Ecosse et aux Etats-Unis depuis plus de 10 ans mais surtout co-auteur avec Adélaïde Russell du livre Le conjoint expatrié. Réussissez votre séjour à l’étranger.
Expat Forever: Bonjour Gaëlle. D’où êtes-vous originaire ?Gaëlle Goutain : Je suis originaire de Haute-Savoie, en France, plus spécifiquement d'Annecy. Je n'ai pas bougé de Haute-Savoie pendant mes 18 premières années !
EF : Pouvez-vous me retracer votre parcours de femme expatriée ?GG : Un jour de l'année 2000, mon époux rentre d'une conférence aux USA et me dit : « Ça te dirait de partir à Boston pendant deux ans ? » J'ai accepté et c'est comme ça que tout a commencé. J'ai démissionné de mon job de journaliste et nous avons embarqué pour San Diego en Californie (la destination avait changé entre temps... les joies de l'expat !), avec notre petit garçon de 3 ans, et moi, enceinte de 6 mois. Par la suite, nous avons adopté cette vie de « nomades », car la France ne correspondait plus du tout à mon mari sur le plan professionnel. Nous avons vécu ensuite en Ecosse de 2004 à 2006 et dans le New Jersey, aux USA, depuis 2006. Nous redémenageons cet été à San Francisco, en Californie. Ça fait donc plus de 10 ans que nous vivons ainsi. Par contre, nous n'avons pas le statut d'expatrié, car à chaque fois, mon mari trouve le poste lui-même et est embauché en tant qu'employé local.
EF: Quelle est la raison de votre expatriation ?GG : L'envie de voir de nouveaux horizons et une qualité de vie professionnelle pour mon mari, qualité qu'il ne trouve pas en France. Egalement un mode de vie qui nous convient : être étranger dans un pays, c'est un statut assez particulier qui donne une grande liberté d'être et de penser.
EF : Quelle est votre formation initiale et quelle profession exercez-vous actuellement ? GG : Ma profession initiale est le journalisme. J'ai travaillé en tant que journaliste pendant 13 ans (5 ans en rédaction à Paris et 8 ans en indépendante après notre départ en expatriation). Mais il s'est avéré que le travail de journaliste « pigiste », c'est à dire rémunéré à l'article, n'est pas viable à terme, beaucoup de rédactions ne daignant pas vous payer à cause de votre situation géographique éloignée. J'ai donc décidé de me consacrer à l'enseignement du français langue étrangère. J'ai passé mon diplôme par correspondance sur deux ans et j'enseigne en Alliance Française depuis 2005.
EF : Comment et pourquoi avez-vous été amenée à repenser votre projet professionnel ?GG :Je voulais un métier qui soit « transposable » partout dans le monde. L'enseignement du français dans les Alliances Françaises s'est avéré le plus logique pour moi. On enseigne en général à mi-temps, ce qui fut parfait pour gérer aussi ma petite famille (4 enfants maintenant). Et surtout, j'ai une passion pour la langue, la littérature et la culture de mon pays, ce qui fait que l'enseigner à des gens motivés et intéressés est un vrai plaisir.
EF : Vous avez coécrit avec Adélaide Russell un livre intitulé Le conjoint expatrié. Réussissez votre séjour à l’étranger qui a été publié en 2011 aux éditions l’Harmattan. Pouvez-vous nous en parler un peu ?GG : Ce livre est basé sur les trois « chapitres » principaux de la vie du conjoint accompagnateur : la sphère personnelle (identité), la sphère affective (couple et famille) et la sphère professionnelle (travail). Le livre décrit les différentes difficultés que l'on peut rencontrer, lors de ces étapes de la vie en général, puis sous l'éclairage particulier de l'expatriation. Il y a, à chaque fois, une partie théorique puis une partie plus pratique, émaillée de témoignages de conjoint(e)s expatrié(e)s. Certes, nous ne cachons pas les difficultés rencontrées au cours de l'expatriation, car tout le monde expérimente, à un moment ou à un autre, des situations difficiles. C'est tout à fait normal ! D'ailleurs, une de mes amies appelle ça le roller coaster de l'expatriation ! Mais nous souhaitons donner une image globalement positive de cette expérience. Notre idée est de donner aux lecteurs des clefs pour s'épanouir dans l'expatriation.
EF : Pourquoi avez-vous souhaité écrire ce livre ? GG : J'avais déjà écrit un article sur les femmes qui quittent tout pour suivre leurs conjoints à l'étranger : ce qu'elles abandonnent, leur sentiment par rapport à un certain « vide » et également comment certaines d'entre elles avaient rebondi. J'ai connu une femme d'expat à San Diego qui a été mon modèle et mon inspiration tellement elle était bien dans sa peau, même si elle n'avait pas de travail rémunéré. Elle faisait énormément de choses et était toujours positive. J'avais envie de lui ressembler, mais j'étais dans mes premières années d'expatriation et le « vide » créé par l'arrêt du travail était trop prégnant pour que je prenne du recul. Quelques années après, j'ai trouvé mon équilibre et j'ai souhaité faire part des expériences positives ainsi que donner un peu d'espoir à ceux et celles qui pensent qu'ils (elles) n'arriveront pas à profiter positivement de leur expatriation.
EF : Ce livre est un bon complément de votre précédent ouvrage L’enfant expatrié que vous aviez déjà coécrit avec Adelaïde Russell. Pensez-vous déjà à un autre projet sur un thème connexe ou pensez-vous avoir fait le tour de la question ? GG : Pour le moment, la boucle est bouclée, mais peut-être que dans le futur nous trouverons matière à un autre ouvrage pratique... qui sait ?
EF: Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans votre vie d’expatriée ? Pourquoi ?GG : Difficile à dire, car ma vie quotidienne, maintenant, après 10 ans, est plus celle d'une « immigrée », malgré le fait que je m'en défende un peu... et du coup, mon quotidien est le même que n'importe quelle maman : travail, enfants, repas à préparer. Mais je dois dire que j'aime le fait de faire des rencontres, de travailler mon anglais et peut-être de rester un peu en retrait par rapport à la vie politique française qui m'empoisonnait la vie en France.
EF : Qu’est-ce que vous détestez le plus dans ce mode de vie ? Pourquoi ?GG : Ce que je déteste le plus, ce sont les départs des amis tous les ans... cette année, c'est moi qui part, mais ce n'est pas plus simple de quitter que d'être quittée. Il y a aussi ce sentiment angoissant, qui, à chaque déménagement vous étreint : vais-je retrouver des amis ? Il faut tout recommencer à zéro. Et puis, l'éloignement avec la famille et les amis restés en France.
EF : Que conseillerez-vous à d’autres femmes qui s’apprêtent à suivre leur conjoint à l’étranger pour la première fois ?GG : Premièrement, préparer son départ en mettant en place des mini-projets (quels qu'ils soient : professionnels, de loisir ou personnels). Une fois sur place, prendre contact avec les associations d'entraide francophones, car, même si l'on veut s'immerger dans la culture d'accueil, ça fait du bien d'avoir des copines dans le même bateau. Enfin, saisir chaque opportunité sans se braquer (ne pas se dire « ce n'est pas mon domaine »), sans avoir peur et sans se cantonner dans une seule activité. On peut faire du bénévolat, même si on voulait travailler (ça peut être un début...). On peut prendre des cours de langues, même si l'on croit qu'on n'en a pas besoin (c'est comme ça qu'on se fait un réseau). On peut essayer un nouveau domaine pro, même si on est vraiment déprimée d'avoir quitté un super job en France (je connais des femmes qui se sont révélées à l'étranger comme ça). Bref, rester positive et ouverte !
Merci Gaëlle pour ces conseils et à bientôt sur Expat Forever.
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