Alors que, municipales annoncées désastreuses pour la majorité obligent, Nicolas Sarkozy fait feu de tout bois (enfin plus que d’habitude) en matière de démagogie et de corporatisme en recevant notamment les taxis et les buralistes (peu réputés pour voter à gauche), l’Assemblée nationale ratifie le traité de Lisbonne.
En attendant le vote, plus que probablement sans surprise, du Sénat, le projet de loi de ratification a été approuvé par les députés par 336 voix contre 52 voix. Si les groupes UMP, à quelques exceptions souverainistes près, et NC ont voté pour, au PS, les choses ont été un poil plus compliquées... et ridicules (comme le prouvent par exemple les abstentions des proches de Laurent Fabius, ainsi que de Arnaud Montebourg, pourtant hérauts de non en 2004/2005). Il faut dire que depuis la rentrée 2004, l’Europe divise plus que fortement le PS, notamment du fait de choix plus tactiques qu’autre chose de la part de certains éléphants. Cette fracture a depuis plombé durablement le principal parti d’opposition et lui a probablement coûté la présidentielle en permettant la victoire à la primaire de Ségolène Royal sur le champ de ruines laissées par la référendum interne… La campagne référendaire avait ensuite battu en brèche la double notion de discipline de parti et de respect du vote des militants sans pour autant que la direction de l’époque, qui se trouve être la même qu’aujourd’hui, ne prenne la moindre sanction. C’est pourquoi sans surprise aucun semblant de position commune n’était réellement envisageable concernant le traité de Lisbonne. D’autant plus que la ligne défendue par la direction du PS, par la voie de Jean-Marc Ayrault était pour le moins absurde et faux-cul : affirmer être pour le traité, mais contre son adoption par le congrès tout en s’abstenant lors des votes (et après on s’étonne que les parlementaires PS n’en aient pas tenu compte…). Le président du groupe PS à l’Assemblée a d’ailleurs jusqu’au bout aggravé son cas en proposant une "motion référendaire", présentée comme "une exigence démocratique. Parce que l'Europe le vaut bien. Parce que c'est le droit des Français. Parce qu'il n'y a pas d'autre voie pour exprimer le double engagement de socialistes : pour le traité, pour le référendum". Comprenne qui pourra…
Enfin preuve qu’on n’en a pas encore fini avec le n’importe quoi et la guéguerre interne au PS sur l’Europe, si certains comme André Vallini, partisan du oui ou Philippe Martin, partisan du non voient dans ce vote "la fin du chemin de croix" et constatent "l'envie de refermer un dossier qui nous a fait tant de mal", d’autre comme Benoît Hamon professent que "le clivage oui/non ne tarde jamais à ressurgir, parce qu'il y a un désaccord fondamental sur la stratégie". Et tout semble réuni pour donner raison aux cassandres…