Tant va la Penelope Cruz à l’eau…
Je n’ai jamais été un grand fan de Pirates des Caraïbes. Un film inspiré d’une attraction de Disneyland, vraiment ? Attention, je ne méconnais rien du talent évident qu’a su mettre Johnny Depp au service du personnage non moins truculent de Jack Sparrow. Je ne renie pas non plus le divertissement bon enfant que constituait jusque là la franchise. Mais il faut cette fois se rendre à l’évidence : loin du coup de jeune qu’on nous promettait, cette Fontaine de Jouvence est une purge.
A l’appui de cette sentence, un premier argument qui à vrai dire pourrait même être le seul tant l’erreur est impardonnable : Rob Marshall a commis un film redoutablement chiant. Crime de lèse-majesté lorsque l’on fait de l’ “entertainement”, Pirates 4 se traîne dans toute sa première partie dans des longueurs terribles, maquillées en scènes d’action vides de tout enjeu.
D’une insoutenable vacuité, cette première heure assomme. La réalisation pétaradante, qui parait vouloir écraser une mouche avec un lance-roquettes, réussit le tour de force d’aplatir le personnage pourtant délicieux de Sparrow. Que d’effets spéciaux gâchés, de démonstrativité mal placée dans le montage comme dans l’orchestration ronflante de Hans Zimmer ! Hélas, si seulement il y avait derrière cela un scénario, une tension. La croisière ne s’amuse pas du tout.
Le cap de la moitié du film passé, l’aventure se met -enfin- maladroitement en place. L’intrigue a le trait aussi fin que celui d’une carte au trésor où figurerait un gros “X” désignant l’emplacement du magot (la fameuse fontaine). Et soudain on réalise que, parachutée au milieu de tout ça, Penelope Cruz ne sert à rien. A la fois sous-exploitée et en service minimum, l’actrice pourtant aussi sublime que douée passe pour la dernière des starlettes hollywoodiennes fades et peroxydées laissant, de facto, un trou béant dans la galerie… qu’aucun autre personnage ne vient combler.
La suite et fin des événements, cousue de fil d’une blancheur éclatante, remplit paresseusement son cahier des charges de blockbuster 3Difié : bien sûr on sourit parfois, et quelques scènes (l’arrivée des sirènes en particulier) sortent brièvement le carrosse de l’ornière. Mais rien de tout cela ne peut racheter le pêché originel de la longueur excessive quand, au contraire, le divertissement véritable est lui bien trop vite expédié.
Rares sont dans l’histoire du cinéma les séries qui, passé le sacro-saint format de la trilogie, ont su tenir et s’imposer dans le paysage. On ne peut que constater que, pour son 4e volet, la saga Pirates des Caraïbes s’est pris les pieds dans le cordage : n’est pas Alien, Star Wars ou simplement Harry Potter qui veut. Espérons que le capitaine Marshall aura le bon goût de sombrer avec le navire qu’il a lui-même coulé.
Sortie le 18 mai 2011
Photo : © Walt Disney Studios Motion Pictures France