La femme de chambre, qui vit dans le quartier pauvre du Bronx, est décrite comme «gentille» et «calme».
La femme de chambre la plus célèbre du monde continue de se cacher. La police a formellement interdit tout cliché de cette Africaine de 32 ans, résidant aux Etats-Unis, et lui assure une protection rapprochée depuis samedi. Personne ne l'a encore vue, sauf les avocats de Dominique Strauss-Kahn, qui ont eu la goujaterie de la trouver "trés peu seduisante", croyant peut-être pouvoir démontrer ainsi l'innocence de leur client.Qualifiée de «témoin très fiable» par les enquêteurs, louée par ses employeurs, très bien considérée par ses collègues et voisins, son image risque cependant d'être très difficile à écorner. Car les détails qui filtrent peu à peu sur la victime présumée vont tous dans le même sens: l'employée du Sofitel qui accuse Dominique Strauss-Kahn de tentative de viol est une «femme bien». Elle se trouve actuellement «en état de choc» et aurait passé «deux jours entiers à pleurer», a raconté l'un de ses amis.
«Quelqu'un m'a fait quelque chose de très mal !», a-t-elle hurlé, en larmes, à son frère, la première personne qu'elle ait eu au téléphone après l'agression présumée, environ une heure après. «C'est une femme formidable, qui travaille dur, a raconté le grand frère, qui gère un restaurant à Harlem, au quotidien britannique Daily Mail. Elle va mieux depuis qu'elle a pu s'entretenir avec un avocat.» Qu'on lui parle d'affabulation ou de coup monté et le grand frère s'indigne : «Ma sœur est très gentille, elle est incapable de cela».
Mère célibataire de Dana, une adolescente, cette femme très grande - au moins 1,80 m -, francophone, se fait appeler Ophelia. Mais son vrai nom serait Nafissatou Diallo, et son pays natal, la Guinée. Elle possède une carte de résident permanent aux États-Unis. D'ordinaire, précise Mark Gangadeen, un voisin cité par le tabloïd New York Post, cette «musulmane pratiquante» porte un pantalon foncé, des chaussures plates et un foulard avec un imprimé tribal pour couvrir ses cheveux.
Ce n'est que l'hiver dernier qu'elle a emménagé, avec sa fille, dans le Bronx, quartier populaire au nord de New York, dans un petit appartement vétuste, au quatrième étage d'un immeuble de brique rouge. Une cage d'escalier délabrée, un ascenseur bringuebalant et de nombreux locataires d'origine africaine. «Ce sont de braves gens, a déclaré au New York Times une voisine, également immigrée africaine. Pas de bruit, Elle n'a jamais posé de problème.» «Elle est très calme, renfermée. Elle ne sourit qu'à certaines personnes, a ajouté son voisin Mark Gangadeen au New York Post. La connaissant, je pense qu'elle doit retenir sa colère.»
Dès dimanche, la direction de l'hôtel avait indiqué dans un communiqué que la conduite d'Ophelia était exemplaire. «Notre employée travaille au Sofitel New York depuis trois ans et nous sommes entièrement satisfaits de son travail et de son comportement», a assuré le directeur général de l'hôtel, Jorge Tito. Toujours impeccable, notée 4,5 sur 5, elle faisait partie des rares employés à avoir accès au 28e étage, celui des suites de luxe. «C'est une femme bien, très agréable, très amicale, a précisé l'une de ses collègues. La direction de l'établissement nous a demandé de ne pas lui poser trop de questions parce qu'elle est très affectée.» La jeune femme n'a pas d'antécédent judiciaire, ni de problème psychologique, et n'avait jamais rencontré Dominique Strauss-Kahn précédemment.
Elle ignorait d'ailleurs complètement qui il était, avant de le reconnaître, effarée, à la télévision, après son arrestation. Mais quelle que soit l'identité de l'agresseur, le frère d'Ophelia se dit «confiant dans la justice américaine». «Je veux qu'il affronte la justice», martèle-t-il à propos de Dominique Strauss-Kahn. Avant de jurer: «Justice sera faite.»