Avant de partir au travail ou de corriger quelques copies, je vous conseille la lecture quotidienne de la Revue de Presse de Philippe Watrelot des "Cahiers Pédagogiques". Détaillée juste ce qu'il faut, les hyperliens pointent sur les articles source. A accompagner avec un petit jus d'oranges pressé! Mieux qu'à l'hôtel...
Je transporte ici celle d'aujourd'hui:
Gifle et retour de bâton...
“ Gifle à l’école,
pas de sanction pour le prof ”c’est le titre du Figaro qui nous apprend que le professeur convoqué mercredi au rectorat de Lille, et qui a reçu le soutien de François Fillon ne serait pas l’objet d’une procédure disciplinaire comme cela avait été annoncé au départ. Le premier ministre a en effet déclaré : “Je pense que ce n’est jamais une bonne solution de gifler un élève, mais en même temps, je soutiens les enseignants qui ont besoin d’un peu de discipline et d’un peu de respect.”. Dans le même article du Figaro, des collègues de ce professeur déclarent “On se reconnaît tous un peu dans l’injustice faite à ce prof parce qu’elle illustre la remise en question permanente de notre autorité” ou encore “Nous ne sommes évidemment pas favorables au rétablissement du châtiment corporel, mais il faut bien reconnaître que certains élèves cherchent, en permanence, à tester les limites de leurs profs.”.
On voit bien ici que c’est le thème de l’autorité qui est sous-jacent derrière ce fait divers. D’ailleurs, dans le même journal, on trouve le résultat d’un sondage sur un sujet voisin puisque sur la situation des banlieues les français interrogés réclament plus d’autorité et mettent en cause la responsabilité des parents.
Dans Libération, Charles Hadji, professeur en sciences de l’éducation à Grenoble-II, analyse assez bien ce fait divers et ses implicites “Je vois trois grandes raisons. D’abord, sous certains aspects, notamment sur fond de montée des violences, le métier devient plus difficile. Ensuite l’affaire touche au cœur même de la profession, la relation à l’élève, avec les problèmes d’autorité et de respect qu’elle pose. Enfin, il y eu une surmédiatisation de réactions qui me paraissent démesurées - le père qui poursuit l’enseignant, la justice qui embraye, le procureur qui s’exprime à la télévision sur l’affaire... Tout cela a exacerbé l’impression des enseignants d’être mal aimés.[...]”
Mais au nom de ce malaise peut-on tout justifier ? La question se pose. La lecture des circonstances précises de l’incident par le Procureur (toujours dans Le Figaro) laisse quelques doutes et un léger sentiment de malaise.
Dans cette affaire, comme on l’a déjà souligné à plusieurs reprises, il faut aller au delà des excès et revenir aux principes. Si cette affaire conduit dans l’opinion à justifier le retour de la trique, à confondre autorité et obéissance par la force, et à remettre en question certains principes, je ne sais pas si le climat dans les écoles y aura gagné...
Fausse note
Autre sujet de crispation : l’évaluation des enseignants par les “usagers” Ce principe était évoqué dans le rapport Attali (mais pas dans le rapport Pochard, ne confondons pas).
le journal en ligne Rue89 a réalisé une enquête sur ce sujet et décrit plusieurs écoles qui proposent aux étudiants d’évaluer leurs enseignants.
Un très opportuniste créateur de site web avait, quant à lui, proposé la semaine dernière un site qui proposait aux élèves de noter leurs professeurs. Très vite, le site a été l’objet de nombreuses dérives et manipulations. Plusieurs syndicats sont montés au créneau . Le Snalc a saisi la Commission nationale informatique et libertés (Cnil) lui demandant si le site « était référencé et si ses fichiers étaient déclarés ». La FSU a parlé de « lynchage public », le SE-Unsa d’« une insupportable délation ».
C’est sans rapport mais... Bonne année du Rat !
Bonne Lecture...