L’une des caractéristiques de la voie parisienne, c’est notamment qu’elle regorge de cinémas. Bon, « regorger » n’est peut-être pas, peut-être plus, le terme approprié, puisque les salles à avoir fermé dans le quartier ces dernières années sont plus nombreuses que celles ayant ouvert. Tout de même, une trentaine d’écrans parsème l’avenue, plus une demi-douzaine sur les rues adjacentes, voilà de quoi occuper quelques après-midis cinéphiles. Pourtant plus le temps passe, plus j’évite les cinémas des Champs-Élysées. Ses grandes enseignes. Le Balzac et le Lincoln alentours ne sont pas inclus dans cette liste de cinémas devenant insupportables ou presque, tout comme l’agréable Publicis. Non, ce sont bien les Gaumont et UGC en cause, enfin, plutôt leurs spectateurs.
A une époque je fréquentais avec plaisir les salles des Champs-Élysées, particulièrement la majestueuse salle de l’UGC Normandie, mais au fil du temps, je suis devenu allergique au public fréquentant ces cinémas. Il ne s’agit point de snobisme, seulement du désir de voir les films dans le calme et le respect que je leur montre. Or, sur les Champs, il ne se trouve pas une séance sans qu’une poignée de spectateurs affichent un manque de respect exaspérant pour les films et les spectateurs qui partagent la salle avec eux. Du bruit, du bruit encore du bruit, cela résonne de partout entre les rangs des salles de l’avenue. C’est à cause de cela que j’ai déserté les cinémas du quartier, et à cause de cela qu’à chaque fois que je suis aculé à y retourner, ou que les circonstances m’amènent à y voir un film, mon exaspération se confirme.
Dans la petite salle 11 du George V, ils m’ont pris au piège ! J’étais là, enfoncé au centre de mon quatrième rang lorsque je me suis rendu compte que les deux couples qui m’entouraient à chaque bout de rang allaient peut-être bien me pourrir la projection. Le premier, à ma droite s’est montré tout de suite bruyant. Un homme et une femme ayant décidé de manger dans la salle, ouvrant leurs yaourts, rangeant leurs sacs plastiques, un désagrément qui aurait pu être unique et ponctuel, mais malheureusement les tourtereaux avaient aussi envie de commenter le film de temps en temps, à voix haute ou presque, à mon grand enchantement… Le deuxième couple, qui m’a fait me lever pour les laisser passer et se caler contre le mur alors que le film commençait (déjà ça j’adore, quand la salle fourmille de fauteuils libres), était constitué de deux mecs avec leur sac de sport encombrant. Ils n’étaient pas installés depuis cinq minutes qu’ils se léchaient goulûment la face, suffisamment pour que moi-même et le type assis le rang devant puissent profiter à l’oreille de leur joie de s’être trouvés un coin tranquille pour se bécoter.
Personnellement que des mecs, des filles ou des extraterrestres viennent se peloter au cinéma ne me gêne pas du moment qu’ils n’en font pas profiter tous les fauteuils alentours, mais malheureusement les deux mecs ici présents semblaient à peine se soucier de savoir si leur absence de discrétion allait me (nous) gêner. Au cas où cela n’aurait pas suffi, leurs discussions - pour lesquelles ils ne prenaient parfois pas la peine de franchement baisser la voix, eux non plus - a fini de m’agacer totalement. Ces deux-là n’étaient pas là pour le film, car leurs discussions ne semblaient pas tourner autour du film, ou si peu étant donné leurs étonnements occasionnels quant au film (« Ah c’est une fille en fait le garçon ? » bien après qu’on l’ait tous remarqué…).