Cette semaine, le programme présidentiel avait été soigné pour la campagne du candidat Sarkozy. Mais depuis les premières
heures de dimanche dernier, l'affaire DSK domine l'actualité politique. A l'Elysée, on se tait, et on s'agace. Quelques conseillers ou proches maladroits avaient confié leur jubilation. Mais le
clan sarkozyen est au contraire inquiet. Et ce n'était pas l'idée d'une taxe provisoire sur les très gros revenus qui allait changer la donne.
Sarkozy perd un adversaire...
Plus de 24 heures après l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn par la police de New-York, on s'interroge, au Château, sur
l'impact de la disqualification probable du
directeur général du FMI de la course à l'élection présidentielle.
Sur le coup, les conseillers du Monarque ont sabré le champagne. Même en pleine nuit, quelques (anciens) proches du chef de
l'Etat ont fêté la nouvelle dans les obscures boîtes cannoises d'où ils ont appris la nouvelle. DSK était celui qui disqualifiait le plus sûrement leur mentor du premier tour
présidentiel.
Quelques heures plus tard, les commentaires étaient plus prudents. La première gagnante de ce naufrage socialiste est
certainement Marine Le Pen. La leader du Front National a gagné quelques points. Lundi, le Politburo du parti frontiste a validé à l'unanimité sa candidature à
l'élection présidentielle.
Les tentations adultérines de DSK sont connues de longue date. A droite, la retenue est de mise, même si un député UMP,
Bernard Debré, s'est lâché lundi, en accusant DSK d'être coutumier de ces pratiques à l'hôtel Sofitel de New-York. Nicolas Sarkozy a enjoint ses ministres à s'abstenir de commentaire. En fait,
ce séisme politique n'est pas une bonne chose pour ses affaires.
1. Sarkozy perd un adversaire plus bling bling que lui.
« A côté de lui, je passerai pour un pasteur méthodiste. Ma montre, à côté de la sienne, apparaîtra comme un vulgaire modèle » avait confié le Monarque à des parlementaires UMP
en mai 2010. Un collaborateur élyséen anonyme se disait « consterné ». On
s'inquiète de la candidature de François Hollande. Le site Electronlibre croyait savoir, lundi, que Martine Aubry
renonçait à se présenter aux primaires socialistes.
2. Sarkozy grille une cartouche trop tôt. « Si on est cynique, ça arrive six mois trop tôt pour
nous », a confié un ministre au Parisien. « Cela serait arrivé à
quinze jours de la présidentielle, cela aurait été le coup de théâtre qui l’aurait empêché d’aller jusqu’au bout. Là, nous sommes dans une période trouble. Tout change, toutes les semaines, pas
par petites touches, mais par cataclysme » a ajouté un conseiller du Monarque, rapporte Arnaud Leparmentier sur son blog.
3. La France perd sa place au FMI. Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'environnement, a déploré
lundi matin : « il y a une victime avérée, la France, c’est désastreux! ». Et effectivement, la
France est durablement disqualifiée de la direction générale du FMI, un poste qui lui était quasiment réservé depuis des décennies.
... et peine à occuper le terrain
Du coup, l'actualité sarkozyenne a disparu des radars médiatiques. Le candidat avait pourtant une semaine exemplaire : une rencontre avec le premier ministre du Conseil
national de transition libyen Mahmoud Jibril (samedi) et son homologue tunisien (mercredi), histoire de redresser encore davantage son image diplomatique après les fiascos du printemps arabe ; un
hommage aux policiers morts en service (lundi), pour le clin d'oeil sécuritaire ; les traditionnelles visites de terrain, mardi en Meurthe-et-Moselle, pour parler emploi des seniors, puis jeudi
dans un lieu tenu secret. Et lundi, Carla Bruni-Sarkozy était l'invitée du JT de
Jean-Pernaut sur TF1 pour parler de ... l'illettrisme. Le journaliste voulut la féliciter de sa grossesse, une jolie gaffe que la Première dame apprécia peu.
Sur le papier, tout était donc parfait. Terriblement parfait, mais finalement inefficace.
La semaine dernière, la Sarkofrance
se remettait à peine de l'échauffement Wauquiez contre le RSA et « l'assistanat ». Les déclarations du centriste mais Umpiste Pierre Méhaignerie passèrent inaperçues. Il avait
expliqué au quotidien Les Echos que Sarkozy avait donné son
feu vert à un amendement à la prochaine réforme de l'ISF pour instaurer une « participation exceptionnelle aux très hauts revenus ». Le principe est retenu, le gouvernement ne
s'opposera pas à une telle initiative parlementaire» exultait-il. François Baroin laissa ensuite entendre que seuls les très gros revenus (supérieurs à 2 ou 3 millions d'euros) seraient
concernés. La taxe ne concernerait également que quelques professions (comme les traders).
Huit jours plus tard, Le JDD explique que « Nicolas Sarkozy a lancé cette semaine
le projet d’une taxe exceptionnelle sur les très hauts revenus. Le chef de l’État a observé l’envolée des rémunérations au sommet de l’échelle et le ressentiment des classes moyennes. » Quel
observateur, ce Monarque ! Mais les centristes, dont une partie vient de rejoindre le Parti Radical de Borloo, ne veulent plus de taxe exceptionnelle et ponctuelle. Ils réactivent l'idée d'une
création d'une tranche supérieure supplémentaire à l'Impôt sur le Revenu. Mais pour Sarkozy, les circonstances ne sont qu'exceptionnelles, et ne méritent donc qu'une taxe... exceptionnelle sur
les plus riches.
Notez l'équilibre : il faut réduire durablement les dépenses sociales (retraites, assurance maladie, etc) mais faire
contribuer provisoirement les grandes fortunes.
Ce n'est pas la première fois, ces dernières semaines, que Nicolas Sarkozy peine en campagne. Sa visite en terre agricole, jeudi 12 mai, a été à peine commentée, faute d'annonces et pour cause de
répétition. Sarkozy s'essouffle-t-il ? Or l'affaire DSK risque d'occuper encore longtemps le devant de la scène médiatique française. Quel coup d'éclat les équipes de campagne du candidat Sarkozy
vont-elles inventer ?
Sarkofrance