Elle attendait comme moi, ce train sur le quai après avoir cheminé entre les travaux de cette gare, les bruits, les annonces et le panneau d'affichage vide en face de la ligne qui nous intéressait. Encore un train en retard, une fois de plus. Puis était venu le temps d'un quai avec son numéro apparent, mais point de TGV en stationnement, juste le vide face aux rails qui partiaent loin, vers le soleil.
Enfin il se garait, nous grimpions à nos place respectives, en contorsionnant nos valises, je l'aidais à placer la sienne sur l'étagère du haut. Un sourire et un merci, nous étions assis dans un carré de places. Elle côté fenêtre, en talons noirs, en collants noirs malgré le printemps, une jupe crayon, simple et élégante, une pull-gilet-chemisier, tout à la fois. Oui ces nouveautés qui vous font porter des pulls fins en laine légère, comme un gilet ouvert, tant l'échancrure est profonde, mais pour suaver l'honneur, ou renforcer la féminité, avec un bord de dentelle blanche, style broderie anglaise, comme un chemisier glissé en dessous. Justement dessous, elle avait libéré un body en dentelle, si typique, vu dans toutes les publicités ETAM, ce body turquoise conçu par Natalia Vodianova. Dentelle fine et couleur tranchée.
Un bruit sourd, une son vibrant.
Un téléphone qui sonne, nous sommes deux, aussi étrangement que cela soit malgré le retard.
Elle attrape son sac sur le siège adjacent. Elle l'ouvre et sombre dans le moment de grâce de toutes les femmes. Comme un geste pour remettre une mèche de cheveux. Ce geste là est uniquement féminin, le sac, la besace de cuir patiné, et une main, puis deux mains qui cherchent à l'intérieur.
Le son s'amplifie, une musique moderne et déstructurée, conçue par des musicologues chevelus et informaticiens d'un opérateur symphonique, pardon informatique.
Elle cherchait maintenant elle fouille, elle creuse dans les calepins, sort un bout de magazine déchiré, un article sur Abercrombie&Fitch, des mouchoirs propres et un sale, une bouche d'enfant avec nutella dirait Sherlock Holmes, deux tubes de rouge à lèvres, signe de belle féminité, d'ailleurs elle porte des lèvres orange. D'autres affaires, je regarde, en sortant mon magazine, un livre et mon pc portable. Elle se tourne, je lui souris. Elle constate l'étendue du bazar, des mille et unes petits choses de sa féminité, éparpillés, çà et là. Elle rit.
"Il rappellera" dis-je avec un autre sourire.
Elle sort enfin son Samsung jouant à cache-cache. Elle rit.
Nylonement