The tree of life fût certainement le film le plus attendu au festival de Canne cette année. Tout d'abord prévu pour 2009 puis annulé du festival en 2010 où il devait être présenté en avant-première à cause d'un retard dans son montage, c'est seulement cette année que nous pouvons découvrir ce long-métrage, véritable mélange des genres et dernier né de Terrence Malick (Le Nouveau Monde, La ligne rouge...). Il paraitrait que l'idée d'un tel film daterait de 1970, dans le tel cas, elle a bien dû murir dans la tête du réalisateur.
Sur internet ou au cinéma voilà le genre de synopsis que l'on peut trouver :
" Alors qu’il s’apprête à devenir père, Jack replonge dans les souvenirs de son enfance. Dans le Texas des années 1950, il a grandi entre un père autoritaire et une mère protectrice et généreuse. À la naissance de ses deux frères, il est obligé de partager cet amour inconditionnel et a du mal à supporter l’attitude de son père, obsédé par la réussite de ses enfants. Un événement tragique va rompre un équilibre familial très fragile. "
Pourtant de ce que j'ai pu en lire j'ai trouvé les synopsis assez mensongés ou plutôt très restrictifs, à les croire on peut s'attendre, sans connaitre la pâte du réalisateur, à une histoire au scénario presque dramatique, mais rien de plus. Pourtant ce long-métrage n'a pas de genre pour moi, ni tragique, ni fantastique, poétique, c'est un véritable mélange où on trouve de tout, hormis du comique peut-être.
Certains le disent facile d'accès et là je ne suis pas d'accord. Ce film présente des longueurs et nécessite selon moi un spectateur actif qui prendra le temps d'analyser les images qu'il voit. Après avoir appris l'événement tragique que mentionne les synopsis nous avons le droit à un très (très) long retour sur la Création... Car parmi les thèmes du film la question de la création est véritablement centrale : d'où venons nous ? qui nous a créé ? Ainsi le spectateur assiste à un retour sur la création de l'Univers, de la Terre, de la vie, des dinosaures jusqu'aux années 1950. Ceci entre de magnifiques images mises en parallèles (notamment celle de la naissance pour ceux ayant vu le film) et certaines longueurs qui peuvent nous faire bailler à s'en faire décrocher la mâchoire. Ainsi, on fait pour beaucoup immédiatement le parallèle avec 2001, l'Odyssée de l'Espace de Kubrick avec un semblant de cinéma voulant toucher notre inconscient et nous poussant à nous interroger sur notre origine voire notre destinée.
Cependant pour moi la grand différence que j'ai ressenti entre The Tree of Life et 2001 réside dans le caractère religieux. Ici la présence de la religion est partout et cela en devient parfois presque malsain à tel point que cela peut gener ou être peu accessible comme je l'ai dis auparavant. Si la narration est poétique, il est pour moi clair qu'avec une quasi constance, toutes les questions que les personnages peuvent se poser s'adressent directement à Dieu ou/et Créateur. Les références restent aussi constante dans les plans de caméra souvent dirigés de la terre vers le ciel et surtout du fait que la famille présentée soit très religieuse.
Il est certain que l'aspect esthétique et poétique sont maitrisés. Selon moi ce film est avant tout esthétique et cette esthétisme passe par une musique quasi permanente à l'instar de Kubrick en nous offrant un large choix dans la musique classique et contemporaine, la nouvelle bande sonore étant composée par le français Alexandre Desplat. En outre, il nous est aussi donné de voir de magnifiques paysages, sachant que l'intégralité a été tournée au Texas et en Italie. Les personnages apparaissent aussi de manière à donner une esthétique prononcée. Après le retour sur la Création nous entrons dans les souvenirs de Jack devenu adulte (Sean Pen) et joué enfant par Hunter McCracken. Nous entrons timidement dans le quotidien de cette famille de trois enfants et retrouvons enfin quelques peu les "promesses" des synopsis avec trois enfants élevés par un père souvent sévère mais aussi aimant très bien interprété par un Brad Pitt souvent méconnaissable et une mère douce et gracieuse jouée par Jessica Chastain. Après avoir vu le film je pense très certainement que d'un côté le père représente la nature, brutales mais réels et la mère symbolise la grâce d'une douceur incroyable. Enfant, Jack est perdu entre ces deux entités et souvent emprunt à une colère et une instabilité très bien interprétée... mais je n'en dirais pas plus.Ainsi c'est un film à envisager uniquement si vous êtes capable de l'apprécier comme un long poème ou mélodie. Personnellement je me suis ennuyée pendant une bonne partie du long-métrage qui dure tout de même plus de deux heures, cependant je reconnais le travail de Terrence Malick. Je pense que ma note de satisfaction relève essentiellement du fait que le synopsis m'a trompée et que lorsque j'ai vu le film je n'étais pas dans l'optique d'un tel scénario et d'une telle réalisation, n'ayant vu aucun des autres longs-métrages du réalisateur.
Note sur l'esthétisme et le travail : 16/20
Note de satisfaction : 8/20