Mon entreprise en ligne, le test

Par 4h18

L’opération « Mon Entreprise En Ligne (MEEL) » propose aux entreprises de créer gratuitement le site de votre entreprise en 20 minutes. J’ai donc testé pour vous.

Google, Oxatis et SFR se donc alliés pour vous « offrir » ce service. J’écrit offrir avec des guillemets, car avec ce type d’entreprise, la gratuité est une notion abstraite. Au premier coup d’oeil, on pourrait se dire que l’idée est alléchante. Après avoir fait le test, cela ressemble plus à un joli piège marketing pour les entreprises qui vont s’engager dans cette voie.

Ne vous y trompez pas, vous allez passer à la caisse, tôt ou tard. L’offre est bien préparé, le coup marketing est nickel. Quand à savoir si le produit répond à un vrai besoin, c’est une autre paire de manche.

Mon Entreprise en Ligne dans le détail

Google : Avant même de commencer, vous allez devoir créer un compte Google. Hors, jusqu’à présent, si vous ne l’aviez pas fait, c’est sans doute que vous aviez vos raisons. Et bien oubliez-les ! Du moins, c’est ce que souhaite Google. Si vous franchissez le cap, vous voilà donc chez Google.

SFR : La seconde étape concerne vos coordonnées, et plus précisément, celles de votre entreprise. Adresse, secteur d’activité, téléphone portable, tout y passe. Et n’imaginez pas y échapper ! Pour créer votre compte, SFR va vous envoyer un code d’activation par SMS. D’entrée de jeu, le ton est donné. SFR se crée là un fichier qualifié pour pas un cent. En temps normal, je n’aurais pas été plus loin, mais là, j’ai donc filé mon numéro. Bon, je suis déjà client SFR, mais dans l’absolu, je trouve la démarche des plus limite.

MEEL - le piege du SMS

Après que Google et SFR aient bien remplis leur base de données, vous allez passer aux choses un peu plus sérieuses. Ou pas. Il est temps pour vous de choisir l’apparence de votre site. N’attendez cependant pas de miracles, le gratuit dans ces conditions reste pour le moins limité. Vous aurez donc le choix entre une vingtaine de thèmes. Selon les (dé)gouts et les couleurs, vous serez soit très déçus, soit très déçus. En ce qui me concerne, je trouve que les thèmes mis à disposition sont loin de valoir les meilleurs thèmes gratuits de WordPress.

MEEL La selection de thèmes

Après avoir sélectionné votre thème, vous êtes donc redirigé vers l’administration de votre nouveau site. Et là, et bien, c’est assez spartiate. Par défaut, vous avez donc les principales pages de votre site qui sont créées, l’accueil, contact et ainsi de suite. Je vous laisse vous faire votre propre opinion.

MEEL - Administration, premier contact

Vous allez donc pouvoir passer à l’édition des pages de votre site internet. L’éditeur est assez rudimentaire mais permet de réaliser les principales opérations courantes.

MEEL - Edition d'une page

Après avoir modifié le contenu de votre site, vous allez devoir enregistrer un nom de domaine. Attention, sans numéro de SIREN, pas de site. Quand à savoir chez qui ce nom est enregistré, là, je ne saurais vous dire. Sachez qu’en ce qui concerne l’extension vous n’aurez pas le choix, c’est du .fr et rien d’autre. L’AFNIC récupère donc aussi sa petite part du gâteau.

En ce qui concerne Oxatis, le troisième larron, et bien ils mettent à disposition les outils relatifs à la création de votre site. Une façon indirecte de faire croitre le nombre de sites crées par leur entreprise, mais une façon d’avoir une nouvelle manne de prospects, déjà bien harponnés. De plus, la rubrique « Allez plus loin » vous propose un Kit à 199 € avec un template personnalisé ainsi que la rédaction et la mise en forme de votre contenu sur 3 pages de votre choix. A ce prix là, je préfère me payer un thème chez Wootheme par exemple.

MEEL - Le site final

Fondamentalement, vous voilà donc plus ou moins prisonnier d’un système totalement propriétaire. Chaque évolution devra, sans nul doute, vous faire faire un passage aux caisses d’Oxatis. Quand on sait la puissance d’un WordPress, sa flexibilité, la qualité des thèmes fournit, je crois qu’il y a vraiment matière à réfléchir.

MEEL Vs WordPress

Si je comprend bien l’objectif marketing de ces trois entreprises, j’ai la désagréable sensation que le dindon de la farce risque d’être l’entreprise, mais également tout les freelances du secteur de la création de site internet. Nous avons déjà bien du mal à faire comprendre la raison des investissements à consentir pour obtenir un site compétitif, que voilà cette offre qui vient nous plomber un peu plus.

Certes un site gratuit ne vaudra jamais un site « fait main ». MEEL c’est la promesse de rudes batailles avec nos futurs prospects.

Si vous êtes décideurs au sein de votre entreprise, je vous invite à prendre le temps de la réflexion avant de vous lancer avec cette offre. Vous allez vous engager avec un système propriétaire dont vous ne pourrez pas vous défaire si facilement si vous souhaitez aller voir ailleurs par la suite. Prenez le temps d’étudier la solution WordPress par exemple, ce ne serait pas une mauvaise idée.

WordPress, la meilleure solution ?

WordPress est libre de droit, quand vous quittez un prestataire ayant réalisé votre site sous WordPress, vous partez avec votre site et sa structure. Pensez-y. Gouverner, c’est prévoir. Prévoir c’est savoir anticiper l’avenir, et l’avenir sur la toile, c’est souvent tout de suite.

Pour ma part, vous vous en doutez, je reste persuadé qu’un système WordPress (ou Joomla) reste la meilleur des solutions pour l’entreprise.

Son aspect libre, sa communauté, sa robustesse, sa modularité et sa flexibilité en font un outil redoutable pour l’entreprise.

Bien sûr, mes arguments sont « valables » dans une sorte de contexte généralisé, une étude au cas par cas pourra sans nul doute révéler que dans certains cas, l’offre MEEL pourrait être plus compétitive. Néanmoins en choisissant MEEL, vous serez lié à trois entreprises distinctes. Et qui sait ce qu’elle vont faire de vos données. De plus pour vous désengager, je vous souhaite bien du courage.

Enième (et vaine ?) initiative

L’idée de pousser les PME française sur la toile ne date pas d’hier, mais les professionnels du secteur se posent-ils les bonnes questions en répondant par des offres tiroirs destinées avant tout à augmenter leur portefeuille de clients ? Ne serait-il pas plus judicieux de se pencher sur le manque de culture web des décideurs français ? Ne serait-il pas plus instructifs pour tout le monde d’avoir une démarche un tant soit peu pédagogique, d’être un tant soit peu à l’écoute de l’utilisateur final ? Il semble que non, du moins pour le moment. Au fond, il parait que ce n’est pas le boulot d’un société.

Quand je vois le Gouvernement soutenir une telle offre, je me demande qui prend les décisions concernant les NTIC au seins de toutes les commissions gouvernementales.

Le travail de fond, ce sont souvent les indépendants qui se doivent de le faire. Notre atout réside sur une véritable proximité avec nos clients, sur une collaboration de fond, d’éducation à la mise en ligne de l’entreprise, le pourquoi, le comment, le volume de travail que doit fournir la PME pour augmenter sa visibilité, attirer de nouveaux prospects via son site. L’offre MEEL, c’est un peu, tu es sur le net, tu es le roi du pétrole ! Mais à quoi bon être sur la toile si on ne sait pas ce que l’on va y faire ?

MEEL dans un an ?

La promesse du site gratuit, en 20 minutes est un leurre, dès la deuxième année, vous allez passer à la caisse. Une fausse bonne idée qui va encore un peu plus plomber le paysage Internet des PME en France. Combien de ces sites seront encore actifs dans un an ? Que va-t-on dire aux patrons qui ne comprennent pas pourquoi le site génère peu de visites ? D’acheter plus de liens sponsorisés ? De passer par Oxatis pour la rédaction du contenu ? et ainsi de suite. Si chaque question doit générer une dépense pour l’entreprise, nous somme bien loin du rôle de conseil que doit avoir une agence web.

Finalement, il se pourrait que les indépendants aient devant eux un vrai et bel avenir, pour peu qu’ils sachent s’organiser convenablement pour répondre aux besoins de l’entreprise et ne pas penser uniquement en terme de retombées financières immédiates.

Il est fort probable que d’ici 12mois je propose encore du WordPress à mes clients. Tout comme je suis certains que ceux utilisant WordPress aujourd’hui l’utilisent encore dans un an. Pour MEEL, je demande à voir.

Revue de Presse

Pour finir, je vous invite à la lecture de articles suivant, mais tout particulièrement de celui-ci, sur Je suis à mon compte, qui décortique l’offre de bout en bout, attention, surprises garantie !

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